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Pasteur, Prophète, Docteur, Bishop : Charlatan ou Serviteur authentique ?

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Celui que vous acceptez d’appeler Pasteur, Prophète, Apôtre, Docteur ou Bishop (Évêque) : n’est-il pas, au fond, un charlatan ou un usurpateur ?

Au sein de la communauté chrétienne haïtienne, ces dernières années, nous assistons malheureusement à une prolifération des titres religieux auto-attribués. De simples individus se voient soudainement nommés pasteur, prophète ou apôtre, parfois en s’appuyant sur un prétendu appel sans aucune preuve concrète.

Sur les réseaux sociaux, il n’est pas rare de voir les noms changer au gré des modes, chacun ajoutant « pasteur », « prophète » ou « apôtre » à son profil selon son envie. Ce qui perturbe surtout, c’est le fait que l’entourage immédiat de ces imposteurs cautionne systématiquement ces titres fabriqués, sans jamais s’interroger sur leurs véritables origines.

Une communauté en vase clos

Malgré tout, il faut reconnaître avec tristesse que la communauté chrétienne évolue en vase clos : nul n’ose prendre les devants pour coordonner l’action de l’Évangile. Chacun semble conscient des dérives des autres, mais personne n’accepte l’idée qu’un seul puisse présider un conseil de gestion.

Pourtant, la Bible montre que Jésus, en partant, a confié à Pierre davantage de responsabilités parmi les Douze disciples, pour organiser, prêcher et prendre les décisions majeures.

Le vide laissé et la multiplication des « nouveaux titres »

Le vide laissé par ce manque d’organisation ouvre la voie à une multiplication rapide des charlatans : aujourd’hui, nous assistons, avec tristesse, à la prolifération d’une nouvelle classe. Certains passent au statut de Docteur ou de Bishop (Évêque). Mais qui donc les a reconnus ? Quels fruits ont-ils réellement produits dans la communauté ?

Sommes-nous condamnés à cette situation sans principes, sans règlements ni leadership ? N’est-il pas contradictoire de prétendre qu’Haïti redeviendra « le plus beau pays » quand ceux qui sont considérés comme les pères spirituels vacillent ainsi ? En laissant ce désordre se multiplier, n’ont-ils pas à cœur l’avenir de la jeunesse chrétienne livrée à des charlatans et usurpateurs ?

Les réseaux sociaux, tremplins des imposteurs

Face à ces dérives, amplifiées par les réseaux sociaux — désormais véritables tremplins de leaders sans scrupules — il faut continuer sans relâche à dénoncer et à éduquer.

Je cherche en vain dans la Bible un seul verset qui justifierait cette vague d’apostasie qui trouble la foi, mais je ne trouve pas. Pourtant, les pères spirituels, les anciens, les évêques, les docteurs — qui, à ce que je sache, ont suivi des parcours académiques et ecclésiastiques — sont toujours incapables de s’unir pour agir et arrêter l’hémorragie.

Nous devons arrêter cette dérive. La Bible est un livre sacré, et on y trouve les principes bibliques nécessaires pour éclairer les parcours menant aux différents ministères chrétiens et aux offices ecclésiastiques.

Je veux rappeler que les mots offices ecclésiastiques ou leaders ecclésiastiques incluent aussi le ministère de chantre. Sur ce point, je reviendrai dans un autre article ultérieurement, car trop de questions et trop de scandales émergent à ce sujet.

 

Le Caractère Spirituel et Moral

La Bible exige des critères clairs de caractère pour les leaders ecclésiastiques, notamment dans 1 Timothée 3:1-7 et Tite 1:5-9. Ces passages mettent en avant l’importance d’être :

  • Irréprochable dans la conduite et la réputation
  • Fidèle à son mariage
  • Sobre, pondéré et maître de soi
  • Hospitalier et accueillant
  • Capable de diriger sa propre famille avec sagesse

La Bible n’a jamais affirmé qu’il suffit de posséder un ou deux de ces caractères pour être un leader ; il faut les manifester tous. Hélas, certains leaders, mus par le désir d’enrichir leur CV avec des ordinations ou proclamations, choisissent trop souvent d’ignorer plusieurs de ces qualités essentielles. Ce faisant, ils deviennent les initiateurs de l’apostasie qu’ils ont eux-mêmes engendrée. Il est impératif que cela cesse.

Comme le rappelle une autorité reconnue :

« L’ordination apporte la confirmation qu’un effort sérieux a été fait pour reconnaître et affirmer un appel intérieur du Seigneur. »

Avant la compétence, le caractère reste primordial, illustrant que le leadership spirituel découle avant tout d’une vie conforme aux principes bibliques.

L’Appel et la Vocation

L’appel divin est au cœur de tous les ministères. Mais il doit être confirmé collectivement par la communauté de foi, et non simplement revendiqué à titre personnel.

Contrairement à ce qui s’observe sur les réseaux sociaux et dans notre communauté, la Bible enseigne que l’authentification d’un ministère procède d’une reconnaissance publique, jamais d’une décision solitaire.

Devenir Pasteur : Un Parcours Exigeant

Le chemin pour devenir pasteur s’organise en étapes incontournables :

  1. Reconnaissance de l’appel : conviction profonde d’être appelé, accompagnée d’une longue période de prière et de réflexion.
  2. Validation communautaire : l’appel doit être confirmé par l’Église locale et des leaders expérimentés, afin d’éviter l’autoproclamation.
  3. Formation académique : la majorité des dénominations exigent une solide formation théologique (licence, souvent master, et formation continue).
  4. Stage pratique supervisé : généralement deux ans sous supervision, pour acquérir l’expérience nécessaire.
  5. Ordination officielle : cérémonie formelle après évaluation rigoureuse.

Une formation pastorale authentique s’articule autour du développement du caractère, de la connaissance biblique et des compétences pratiques. Des institutions comme le STEP en Haïti proposent de tels programmes complets.

Devenir Prophète : Un Appel Unique et Non Choisi

La fonction prophétique est particulière : on ne choisit pas d’être prophète, c’est Dieu qui appelle. La Bible distingue :

  • l’onction prophétique (temporaire)
  • le don de prophétie (occasionnel)
  • l’office de prophète (ministère reconnu)

Exercer le don de prophétie ne fait pas d’une personne un prophète au sens ministériel. Cette nuance est capitale, mais ignorée par beaucoup : certains s’autoproclament prophètes après une seule « prophétie » occasionnelle, puis continuent à se faire appeler ainsi, même sans recevoir d’autres révélations des mois ou des années durant.

Devenir Apôtre : Ministère d’Envoi et de Mission

Le mot « apôtre » signifie « envoyé ». Dans l’Église primitive, ce terme désignait ceux ayant vu le Christ ressuscité et reçus une mission spéciale.

Aujourd’hui, les traditions varient :

  • certaines le considèrent comme limité à l’époque primitive,
  • d’autres y voient un ministère d’implantation d’œuvres nouvelles.

Mais l’autoproclamation, sans fruits tangibles ni reconnaissance officielle, est une déviation grave.

Plus troublant encore : certains finissent par croire à leur propre titre simplement parce que d’autres, par flatterie ou ignorance, les appellent ainsi. Hélas, l’orgueil rend aveugle.

Devenir Évêque (Bishop) : Une Responsabilité d’Autorité

Être évêque signifie superviser plusieurs assemblées. Cela exige :

  • un leadership confirmé après plusieurs années d’expérience
  • une réputation irréprochable, y compris auprès des non-croyants
  • la capacité à défendre la doctrine (et pas seulement un beau discours sur les réseaux sociaux)
  • une solide formation et reconnaissance officielle

Historiquement, la sélection d’un évêque est institutionnelle et formelle, jamais le fruit d’une autodésignation.
(Rappel : en anglais, Évêque = Bishop.)

Le Ministère de Docteur (Enseignant)

Ce ministère vise à instruire et expliquer les Écritures. Le titre « Docteur » est réservé à :

  • des experts académiques en théologie,
  • ou détenteurs d’un doctorat reconnu.

Avoir simplement une aisance oratoire ou d’interprétation ne suffit pas. En 2025, utiliser ce titre sans formation représente une véritable usurpation.

Supposons même qu’il soit utilisé de manière « honorifique » : cela ne légitime pas son attribution. Celui qui pense avoir la vocation devrait retourner aux études et obtenir une reconnaissance officielle, plutôt que de s’approprier un titre qu’il n’a pas mérité.

Il nous faut un Réveil Authentique

Devant ces dérives, notamment dans la communauté chrétienne haïtienne que je connais le mieux, il devient urgent de se mobiliser pour préserver l’authenticité de l’Évangile.

La communauté chrétienne doit :

  • Exiger la transparence des qualifications et de la formation
  • Vérifier l’authenticité des ordinations
  • Soutenir les institutions théologiques sérieuses
  • Dénoncer les abus et autoproclamations
  • Rétablir l’autorité biblique

Le Choix est Clair

Notre inaction a un coût énorme, qui risque de dépasser nos capacités.

Tolérer ces dérives compromet :

  • la crédibilité de l’Évangile
  • la confiance des fidèles
  • l’unité de l’Église
  • le témoignage chrétien

👉 soit nous restaurons l’authenticité biblique, soit nous sombrons dans la complaisance.

Le réveil commence par le refus de la médiocrité et l’exigence d’excellence selon la Parole de Dieu.

José Bautista
José Bautista
José Bautista est le rédacteur en chef de BGospel Magazine, une plateforme dédiée à la promotion de l'Évangile de Jésus-Christ. Passionné par Dieu et son ministère, il a fondé le site en 2009 sous le nom de jubau.com, avant de le renommer BGospel.com en 2018 pour refléter sa mission centrée sur le message "Be the Gospel". Son travail vise à inspirer et unir la communauté chrétienne mondiale à travers des messages d'espoir, de foi et de spiritualité.

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