AccueilOpinionsEntrevuesInterview exclusive : Muscadin André- voix et vision du gospel haïtien

Interview exclusive : Muscadin André- voix et vision du gospel haïtien

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Vie politique de son pays . est-ce que le chrétien peut y participer ?

Muscadin André – Qui est-il?

Originaire de Saint-Raphaël, une ville du Nord à seulement 54 km du Cap-Haïtien, André Muscadin se définit avant tout comme un homme de la province. Après avoir terminé l’école primaire en 1987, il pose ses valises à Port-au-Prince pour débuter le lycée, en pleine période de bouleversements politiques.

Fraîchement arrivé, il doit s’adapter pendant un an pour atteindre le niveau scolaire de la capitale. C’est en 1988 qu’il commence officiellement le secondaire, un parcours qui s’étalera jusqu’en 1994-1995. Dès la classe de 4e, il se lance dans la vidéographie, ce qui lui permet très tôt de décrocher ses premiers jobs pour subvenir à ses besoins, loin de sa famille.

Il termine ses études au lycée Blaise Pascal, où il bénéficie d’un accompagnement solide du directeur, M. Carl Jean-Baptiste. Il profite également du soutien du Collège Adelphos, grâce à son directeur-fondateur, et c’est là que débute son engagement dans le ministère.

À la fin de ses études classiques, il choisit de s’orienter vers la communication. Depuis l’an dernier, il fréquente la Faculté de Droit tout en poursuivant en parallèle une formation en théologie, où il entame sa deuxième année.

Muscadin André, quelle est votre vision d’une émission Evangélique ? Parlez-nous de « Souffle Matinal ». Nous savons que ce nom n’a pas été choisi par vous mais par un autre animateur.

Quels sont les projets de Muscadin André à court, moyen et long terme ?

À court terme:

J’ai toujours eu le rêve de mettre en place une radio qui me permettrait d’avoir la liberté de servir Dieu selon la vision qu’Il m’a donnée. Même à l’époque où j’étais dans « La Voix de l’Evangile », ce projet me tenait déjà à cœur. J’ai souvent constaté qu’un leader peut se laisser guider par un autre leader qui le dépasse, mais il est difficile pour un leader qui ne peut pas te dépasser de vraiment te conduire. C’est ce manque de latitude dans les stations où j’ai travaillé qui a motivé la création de « Inspiration FM ». Mais « Inspiration » n’est qu’un début.

À moyen terme:

Je travaille sur le « Ministère Shalom Haïti », dont la radio ne sera qu’une branche parmi d’autres. Par exemple, « Shalom Restaurant », qui propose un bon service à moindre coût, fait aussi partie de la vision de Shalom Ministère. Mon objectif est de transformer tout ce que je fais aujourd’hui en un véritable ministère, avec des ramifications qui répondent à différents besoins de la communauté.

Depuis quatre ou cinq ans, Dieu m’a aussi donné la révélation d’organiser des jeûnes de prière. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi cet appel m’était adressé, pensant manquer de maturité. Mais Dieu me répétait : « Muscadin ! Muscadin ! Je ferai de toi quelqu’un d’extraordinaire, faisant des choses extraordinaires. » Un jour, alors que j’étais aux États-Unis pour acheter du matériel pour la radio, un prédicateur, saisi par le Saint-Esprit, a prié pour moi et a prophétisé : « Cette année, je déclare que ta vie est une vie de merveille. Je déclare que tu seras un scandale de miracles en Haïti. » Je crois fermement que le Dieu qui pourvoit assure aussi la sécurité de tout ce qu’Il confie à notre gestion.

À long terme:

Le projet central, c’est Shalom. Certains n’ont jamais vu un tel phénomène, surtout lors de nos jeûnes de prière qui ont parfois rempli le Collège Adelphos au point qu’il a fallu organiser le quatrième jeûne au « Palais de l’Art ». Malgré les obstacles et les critiques de ceux qui estiment que je ne suis pas pasteur et donc pas habilité à organiser des événements d’une telle ampleur, je crois que la route que Dieu trace, personne ne peut l’obstruer.

Depuis plusieurs années, je parle aussi d’un grand Tabernacle pouvant accueillir 15 000 à 25 000 personnes.

Mais ce projet n’est qu’une conséquence de Shalom, car c’est par Shalom que ce rêve deviendra réalité. En résumé, mon ambition est de bâtir un ministère solide, multifacette, capable de toucher et transformer des vies à travers la radio, la prière, la restauration, et bien d’autres initiatives, pour la gloire de Dieu.

La Radio, Dieu l’a faite. Le Ministère, je l’ai demandé, Dieu me l’a donné.

Quels sont les concepts et structures que vous développez à l’intérieur du Ministère ?

Au sein du Ministère, en plus des jeûnes de prière, j’ai développé un concept qui me tient à cœur : SOS de Prières. Ce sera un réseau téléphonique où cinq à dix bénévoles seront toujours disponibles au bout du fil pour « bombarder » les gens de prière, selon leurs besoins. Je veux que ce réseau soit un véritable soutien spirituel, accessible à tous, à tout moment.

Quelles autres activités et projets comptez-vous intégrer au Ministère ?

L’information aura une place importante dans le Ministère, tout comme la production d’émissions. J’en prévois au moins une cinquantaine, et d’ailleurs, Jubau peut déjà se préparer à être invité ! Grâce à mon parcours dans la presse, plusieurs stations de radio me contactent aujourd’hui pour me dire : « Muscadin André, c’est toi que nous voulons. » Mais je ne cherche pas à être un one-man-show.

Quelle est votre vision pour l’avenir du Ministère et de l’animation évangélique ?

Mon objectif, c’est de faire école. Je veux former des animateurs qui iront partout, à Port-au-Prince comme en province, pour monter ces émissions et multiplier l’impact du Ministère à travers d’autres voix. C’est l’un de mes projets majeurs : transmettre, former, et voir le ministère grandir au-delà de ma propre personne.

Avez-vous d’autres projets sociaux ou éducatifs ?

Oui, j’ai aussi le projet de fonder un orphelinat. J’évolue déjà dans le domaine des bourses d’études : j’ai aidé une cinquantaine de jeunes à poursuivre leur formation. Dernièrement, l’un d’eux m’a offert de faire le plein de mon véhicule, en me rappelant que j’avais payé ses cours d’informatique à l’époque et qu’il me le devait maintenant qu’il travaille. Parfois, j’avais décidé de financer deux jeunes sans même m’en souvenir. J’ai appris qu’au service de Dieu, il faut savoir s’oublier, à la manière de Jésus.

Qu’est-ce qui vous motive à continuer et à vous investir autant ?

Je crois profondément à cette parole du Christ : si nous croyons en Ses paroles, nous ferons des choses plus grandes que Lui. Pour moi, servir, c’est se donner sans compter, former les autres, et semer dans la vie des jeunes pour qu’ils deviennent eux-mêmes des piliers de demain. Tout ce que je fais, je le fais dans cette optique : bâtir, transmettre, et laisser une empreinte durable pour la gloire de Dieu.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut commencer une émission évangélique ?

Avant tout, il faut prier et demander à Dieu si tu es vraiment appelé à ce ministère. Devenir animateur évangélique, c’est une vocation. Si je n’avais pas été appelé, jamais je n’aurais accepté une mission aussi lourde, surtout sans garantie financière. J’ai essayé plusieurs métiers, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais rien n’a vraiment marché en dehors de l’Évangile. Dès que je m’engage pour Dieu, les portes s’ouvrent. Ce n’est pas mon œuvre, c’est celle de Dieu. Donc, avant de te lancer, assure-toi que c’est Sa volonté et prépare-toi à servir comme un berger, un leader spirituel. Étudie la Bible, forme-toi, car tu seras responsable de guider beaucoup d’âmes.

Quel conseil donneriez-vous aux musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien ou chanteur, demande-toi toujours : travailles-tu vraiment pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans salaire, mais j’ai dû trouver d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer toute la journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Si le pasteur ne peut pas te rémunérer, développe ta propre stratégie pour subvenir à tes besoins. N’attends pas tout de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Il faut aussi apprendre à transformer les difficultés en occasions de grandir. J’aurais pu chuter derrière le micro, mais le Seigneur m’a appris à transformer les déceptions en joie. Même si tu reçois des critiques ou des incompréhensions, reste fidèle à ta mission et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec ton talent.

Quel conseil donneriez-vous aux auteurs-compositeurs ?

Je vous encourage à faire preuve de sagesse et à viser l’excellence dans tout ce que vous faites pour Dieu. Même si l’inspiration vient sur le moment, il est important de faire relire vos textes par des personnes compétentes et de choisir un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que vous faites pour Lui doit être bien fait. Regardez la nature, le ciel, la terre : tout reflète Sa beauté et Sa grandeur.

Un mot pour les chanteurs professionnels ?

Rappelle-toi que la musique évangélique, aujourd’hui, ne suffit pas à nourrir son homme. Il faut développer d’autres activités pour subvenir à tes besoins. Mais ce n’est pas une raison pour négliger ta vie chrétienne. La vie n’est pas facile, elle te mettra parfois à l’épreuve, mais il faut rester debout et persévérer. Même si tu dois te battre au quotidien, reste fidèle à ta mission et à la foi que tu portes.

Le dernier mot, Muscadin André ?

Je profite de cette occasion pour te remercier sincèrement pour le travail que tu accomplis. Je sens qu’il y a un lien entre nous, d’abord à travers ta musique, mais aussi parce que nous sommes tous deux des appelés. Si ton engagement ne venait pas du cœur, tu n’aurais pas cette détermination à aller chercher des personnes à interviewer pour informer les internautes. Tu pourrais rester tranquillement assis comme artiste, attendre que les gens viennent à toi dans ton bureau, mais tu choisis d’aller vers eux.

Cela me rappelle mes débuts, quand je parcourais les petits groupes pour leur donner la parole et les encourager à s’exprimer. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux connaissent le succès. Je crois que Dieu va te bénir abondamment pour ce que tu fais, parce qu’Il n’est pas un abuseur. Comme on dit chez nous : « Bondye pa manje kouraj moun gratis. » Il y a des succès et des ressources que j’ai reçus sans même savoir d’où ils venaient, mais je sais qu’ils sont arrivés à moi au nom de Dieu.

Je remercie le Seigneur pour tout cela, et je Le remercie aussi pour le ministère de Jubau. J’encourage toute l’équipe à continuer à faire preuve de créativité pour faire connaître Dieu à travers Internet. Mais surtout, n’oubliez jamais que Dieu fait partie intégrante de ce travail. C’est Lui-même qui a mis la main à la pâte pour que Jubau devienne une grande œuvre selon Son cœur.

Interview:Jose Bautista

Redaction:Pascale MontFort

Comment jugez-vous la musique évangélique aujourd’hui, en termes d’originalité, de profondeur spirituelle et de mission d’évangélisation ?

Je peux dire que la musique évangélique a vraiment évolué ces dernières années. Elle n’a pas régressé, bien au contraire. Autrefois, elle était plus classique, plus formaliste, mais aujourd’hui, on sent un véritable réveil qui était incontournable. Bien sûr, il y a parfois des dérapages, mais ce que nous vivons actuellement, je l’ai souhaité et encouragé dès le début de mon ministère. Quand je travaillais à « Energy », je prenais la responsabilité d’enregistrer des bandes audios « Live » dans les églises et de les diffuser à la radio. J’ai reçu beaucoup de critiques pour cela, mais j’ai tenu bon, et c’est ainsi qu’est né le phénomène d’adoration et de louange musicale « Live » que nous connaissons aujourd’hui.

C’est un autre type d’adoration : l’artiste amène l’église dans ta maison, et c’est merveilleux ! L’âme haïtienne a besoin de se réveiller ; l’art seul ne suffit plus, il faut aussi la Révélation. La musique « Live » a apporté beaucoup de changements dans l’art évangélique. Parfois, on critique les textes, mais ils sont souvent révélateurs : c’est ce qu’on appelle un « rhema ». Certains textes sont inspirés sur le moment, pas écrits à l’avance, et peuvent sembler hors contexte lorsqu’on les réécoute plus tard. Mais ce sont des moments authentiques.

Autrefois, la musique évangélique était très classique, je pense à des groupes comme Alabanza, Zetwal, G8, Adonaï. Aujourd’hui, on constate un vrai réveil et tout le monde veut s’y mettre. Mais ce n’est pas donné à tout le monde, et beaucoup en souffrent.

Quelle différence faites-vous entre un animateur chrétien et un animateur qui ne l’est pas ?

Pour moi, il y a une vraie différence. Les concepts d’« animateur choisi » ou « animateur appelé » sont liés à la spiritualité, alors que l’« animateur professionnel » fait référence à la rémunération. Si tu n’es pas appelé, tu ne peux pas prétendre être un animateur spirituel. Cela dit, tu peux servir Dieu même en étant professionnel, mais ta mission n’est alors pas vraiment l’évangélisation.

Est-ce que ce n’est pas cette mentalité d’« animateur professionnel » qui explique la tendance à réclamer des compensations ?

Oui, c’est en partie à cause de cette mentalité. Si tu travailles dans la grande presse, c’est normal d’être rémunéré. Mais si tu te dis « appelé » et que tu choisis de te spécialiser dans la musique évangélique, il faut comprendre qu’on évolue dans le champ de Dieu, dans le ministère, et qu’on a pour mission de servir. « Recevez gratuitement, donnez gratuitement. » Bien sûr, il faut trouver des stratégies pour vivre et s’organiser, mais il faut savoir faire la part des choses.

Un mot pour les musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien, demande-toi toujours : travailles-tu pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans recevoir de salaire, mais j’ai trouvé d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer ta journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Certes, le pasteur devrait te rémunérer, mais si ce n’est pas le cas, développe ta propre stratégie. Ne sois pas un salarié de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Aux auteurs-compositeurs:

Je conseille de faire preuve de sagesse. Même si tu es inspiré, fais toujours réviser tes textes par des personnes qualifiées et cherche un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que tu fais pour Lui doit être bien fait.

Quant aux chanteurs:

Il n’est pas nécessaire de rester toute la journée à l’église pour qu’on te voie. Si tu n’es pas rémunéré, fais ton devoir et trouve ailleurs de quoi vivre. La musique évangélique ne nourrit pas encore son homme, alors il faut créer d’autres activités rentables. Mais surtout, n’oublie jamais que même si la musique ne rapporte pas gros, tu dois rester un chrétien à part entière.

La vie est un combat, chaque jour. Parfois elle me renverse, mais je lui rends aussi quelques bons coups ! Reste fidèle, persévère et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec l’instrument qu’Il t’a confié.

Quels sont les projets de Muscadin André à court, moyen et long terme ?

À court terme:

J’ai toujours eu le rêve de mettre en place une radio qui me permettrait d’avoir la liberté de servir Dieu selon la vision qu’Il m’a donnée. Même à l’époque où j’étais dans « La Voix de l’Evangile », ce projet me tenait déjà à cœur. J’ai souvent constaté qu’un leader peut se laisser guider par un autre leader qui le dépasse, mais il est difficile pour un leader qui ne peut pas te dépasser de vraiment te conduire. C’est ce manque de latitude dans les stations où j’ai travaillé qui a motivé la création de « Inspiration FM ». Mais « Inspiration » n’est qu’un début.

À moyen terme:

Je travaille sur le « Ministère Shalom Haïti », dont la radio ne sera qu’une branche parmi d’autres. Par exemple, « Shalom Restaurant », qui propose un bon service à moindre coût, fait aussi partie de la vision de Shalom Ministère. Mon objectif est de transformer tout ce que je fais aujourd’hui en un véritable ministère, avec des ramifications qui répondent à différents besoins de la communauté.

Depuis quatre ou cinq ans, Dieu m’a aussi donné la révélation d’organiser des jeûnes de prière. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi cet appel m’était adressé, pensant manquer de maturité. Mais Dieu me répétait : « Muscadin ! Muscadin ! Je ferai de toi quelqu’un d’extraordinaire, faisant des choses extraordinaires. » Un jour, alors que j’étais aux États-Unis pour acheter du matériel pour la radio, un prédicateur, saisi par le Saint-Esprit, a prié pour moi et a prophétisé : « Cette année, je déclare que ta vie est une vie de merveille. Je déclare que tu seras un scandale de miracles en Haïti. » Je crois fermement que le Dieu qui pourvoit assure aussi la sécurité de tout ce qu’Il confie à notre gestion.

À long terme:

Le projet central, c’est Shalom. Certains n’ont jamais vu un tel phénomène, surtout lors de nos jeûnes de prière qui ont parfois rempli le Collège Adelphos au point qu’il a fallu organiser le quatrième jeûne au « Palais de l’Art ». Malgré les obstacles et les critiques de ceux qui estiment que je ne suis pas pasteur et donc pas habilité à organiser des événements d’une telle ampleur, je crois que la route que Dieu trace, personne ne peut l’obstruer.

Depuis plusieurs années, je parle aussi d’un grand Tabernacle pouvant accueillir 15 000 à 25 000 personnes.

Mais ce projet n’est qu’une conséquence de Shalom, car c’est par Shalom que ce rêve deviendra réalité. En résumé, mon ambition est de bâtir un ministère solide, multifacette, capable de toucher et transformer des vies à travers la radio, la prière, la restauration, et bien d’autres initiatives, pour la gloire de Dieu.

La Radio, Dieu l’a faite. Le Ministère, je l’ai demandé, Dieu me l’a donné.

Quels sont les concepts et structures que vous développez à l’intérieur du Ministère ?

Au sein du Ministère, en plus des jeûnes de prière, j’ai développé un concept qui me tient à cœur : SOS de Prières. Ce sera un réseau téléphonique où cinq à dix bénévoles seront toujours disponibles au bout du fil pour « bombarder » les gens de prière, selon leurs besoins. Je veux que ce réseau soit un véritable soutien spirituel, accessible à tous, à tout moment.

Quelles autres activités et projets comptez-vous intégrer au Ministère ?

L’information aura une place importante dans le Ministère, tout comme la production d’émissions. J’en prévois au moins une cinquantaine, et d’ailleurs, Jubau peut déjà se préparer à être invité ! Grâce à mon parcours dans la presse, plusieurs stations de radio me contactent aujourd’hui pour me dire : « Muscadin André, c’est toi que nous voulons. » Mais je ne cherche pas à être un one-man-show.

Quelle est votre vision pour l’avenir du Ministère et de l’animation évangélique ?

Mon objectif, c’est de faire école. Je veux former des animateurs qui iront partout, à Port-au-Prince comme en province, pour monter ces émissions et multiplier l’impact du Ministère à travers d’autres voix. C’est l’un de mes projets majeurs : transmettre, former, et voir le ministère grandir au-delà de ma propre personne.

Avez-vous d’autres projets sociaux ou éducatifs ?

Oui, j’ai aussi le projet de fonder un orphelinat. J’évolue déjà dans le domaine des bourses d’études : j’ai aidé une cinquantaine de jeunes à poursuivre leur formation. Dernièrement, l’un d’eux m’a offert de faire le plein de mon véhicule, en me rappelant que j’avais payé ses cours d’informatique à l’époque et qu’il me le devait maintenant qu’il travaille. Parfois, j’avais décidé de financer deux jeunes sans même m’en souvenir. J’ai appris qu’au service de Dieu, il faut savoir s’oublier, à la manière de Jésus.

Qu’est-ce qui vous motive à continuer et à vous investir autant ?

Je crois profondément à cette parole du Christ : si nous croyons en Ses paroles, nous ferons des choses plus grandes que Lui. Pour moi, servir, c’est se donner sans compter, former les autres, et semer dans la vie des jeunes pour qu’ils deviennent eux-mêmes des piliers de demain. Tout ce que je fais, je le fais dans cette optique : bâtir, transmettre, et laisser une empreinte durable pour la gloire de Dieu.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut commencer une émission évangélique ?

Avant tout, il faut prier et demander à Dieu si tu es vraiment appelé à ce ministère. Devenir animateur évangélique, c’est une vocation. Si je n’avais pas été appelé, jamais je n’aurais accepté une mission aussi lourde, surtout sans garantie financière. J’ai essayé plusieurs métiers, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais rien n’a vraiment marché en dehors de l’Évangile. Dès que je m’engage pour Dieu, les portes s’ouvrent. Ce n’est pas mon œuvre, c’est celle de Dieu. Donc, avant de te lancer, assure-toi que c’est Sa volonté et prépare-toi à servir comme un berger, un leader spirituel. Étudie la Bible, forme-toi, car tu seras responsable de guider beaucoup d’âmes.

Quel conseil donneriez-vous aux musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien ou chanteur, demande-toi toujours : travailles-tu vraiment pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans salaire, mais j’ai dû trouver d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer toute la journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Si le pasteur ne peut pas te rémunérer, développe ta propre stratégie pour subvenir à tes besoins. N’attends pas tout de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Il faut aussi apprendre à transformer les difficultés en occasions de grandir. J’aurais pu chuter derrière le micro, mais le Seigneur m’a appris à transformer les déceptions en joie. Même si tu reçois des critiques ou des incompréhensions, reste fidèle à ta mission et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec ton talent.

Quel conseil donneriez-vous aux auteurs-compositeurs ?

Je vous encourage à faire preuve de sagesse et à viser l’excellence dans tout ce que vous faites pour Dieu. Même si l’inspiration vient sur le moment, il est important de faire relire vos textes par des personnes compétentes et de choisir un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que vous faites pour Lui doit être bien fait. Regardez la nature, le ciel, la terre : tout reflète Sa beauté et Sa grandeur.

Un mot pour les chanteurs professionnels ?

Rappelle-toi que la musique évangélique, aujourd’hui, ne suffit pas à nourrir son homme. Il faut développer d’autres activités pour subvenir à tes besoins. Mais ce n’est pas une raison pour négliger ta vie chrétienne. La vie n’est pas facile, elle te mettra parfois à l’épreuve, mais il faut rester debout et persévérer. Même si tu dois te battre au quotidien, reste fidèle à ta mission et à la foi que tu portes.

Le dernier mot, Muscadin André ?

Je profite de cette occasion pour te remercier sincèrement pour le travail que tu accomplis. Je sens qu’il y a un lien entre nous, d’abord à travers ta musique, mais aussi parce que nous sommes tous deux des appelés. Si ton engagement ne venait pas du cœur, tu n’aurais pas cette détermination à aller chercher des personnes à interviewer pour informer les internautes. Tu pourrais rester tranquillement assis comme artiste, attendre que les gens viennent à toi dans ton bureau, mais tu choisis d’aller vers eux.

Cela me rappelle mes débuts, quand je parcourais les petits groupes pour leur donner la parole et les encourager à s’exprimer. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux connaissent le succès. Je crois que Dieu va te bénir abondamment pour ce que tu fais, parce qu’Il n’est pas un abuseur. Comme on dit chez nous : « Bondye pa manje kouraj moun gratis. » Il y a des succès et des ressources que j’ai reçus sans même savoir d’où ils venaient, mais je sais qu’ils sont arrivés à moi au nom de Dieu.

Je remercie le Seigneur pour tout cela, et je Le remercie aussi pour le ministère de Jubau. J’encourage toute l’équipe à continuer à faire preuve de créativité pour faire connaître Dieu à travers Internet. Mais surtout, n’oubliez jamais que Dieu fait partie intégrante de ce travail. C’est Lui-même qui a mis la main à la pâte pour que Jubau devienne une grande œuvre selon Son cœur.

Interview:Jose Bautista

Redaction:Pascale MontFort

Si je comprends bien, cela arrive souvent, qu’à la fin de vos émissions, des personnes se convertissent à Jésus…

Oui, c’est exact. L’histoire des personnes qui acceptent le Seigneur à la fin de mes émissions, notamment dans « Exaltation », ne date pas d’hier. J’ai toujours eu ce désir de voir des vies transformées, mais il me manquait au départ l’espace et les outils pour le mettre en pratique.

Quand j’animais « La Voix de l’Evangile », j’ai tenté à plusieurs reprises d’inviter les auditeurs à la conversion. Ça s’est produit à maintes occasions, mais je sentais que je n’avais pas encore les bases théologiques nécessaires pour accompagner ces démarches. C’est d’ailleurs ce manque qui m’a poussé à étudier la théologie, pour mieux comprendre et mieux guider ceux qui voulaient s’engager avec Jésus.

À partir du moment où j’ai rejoint la Radio « Inspiration », j’ai commencé à appliquer ce que j’avais appris, toujours en restant à l’écoute de l’inspiration de Dieu. Aujourd’hui, c’est devenu naturel pour moi d’ouvrir la porte à la conversion à la fin de chaque émission, et de voir des personnes faire le choix de suivre Jésus.

Comment jugez-vous la musique évangélique aujourd’hui, en termes d’originalité, de profondeur spirituelle et de mission d’évangélisation ?

Je peux dire que la musique évangélique a vraiment évolué ces dernières années. Elle n’a pas régressé, bien au contraire. Autrefois, elle était plus classique, plus formaliste, mais aujourd’hui, on sent un véritable réveil qui était incontournable. Bien sûr, il y a parfois des dérapages, mais ce que nous vivons actuellement, je l’ai souhaité et encouragé dès le début de mon ministère. Quand je travaillais à « Energy », je prenais la responsabilité d’enregistrer des bandes audios « Live » dans les églises et de les diffuser à la radio. J’ai reçu beaucoup de critiques pour cela, mais j’ai tenu bon, et c’est ainsi qu’est né le phénomène d’adoration et de louange musicale « Live » que nous connaissons aujourd’hui.

C’est un autre type d’adoration : l’artiste amène l’église dans ta maison, et c’est merveilleux ! L’âme haïtienne a besoin de se réveiller ; l’art seul ne suffit plus, il faut aussi la Révélation. La musique « Live » a apporté beaucoup de changements dans l’art évangélique. Parfois, on critique les textes, mais ils sont souvent révélateurs : c’est ce qu’on appelle un « rhema ». Certains textes sont inspirés sur le moment, pas écrits à l’avance, et peuvent sembler hors contexte lorsqu’on les réécoute plus tard. Mais ce sont des moments authentiques.

Autrefois, la musique évangélique était très classique, je pense à des groupes comme Alabanza, Zetwal, G8, Adonaï. Aujourd’hui, on constate un vrai réveil et tout le monde veut s’y mettre. Mais ce n’est pas donné à tout le monde, et beaucoup en souffrent.

Quelle différence faites-vous entre un animateur chrétien et un animateur qui ne l’est pas ?

Pour moi, il y a une vraie différence. Les concepts d’« animateur choisi » ou « animateur appelé » sont liés à la spiritualité, alors que l’« animateur professionnel » fait référence à la rémunération. Si tu n’es pas appelé, tu ne peux pas prétendre être un animateur spirituel. Cela dit, tu peux servir Dieu même en étant professionnel, mais ta mission n’est alors pas vraiment l’évangélisation.

Est-ce que ce n’est pas cette mentalité d’« animateur professionnel » qui explique la tendance à réclamer des compensations ?

Oui, c’est en partie à cause de cette mentalité. Si tu travailles dans la grande presse, c’est normal d’être rémunéré. Mais si tu te dis « appelé » et que tu choisis de te spécialiser dans la musique évangélique, il faut comprendre qu’on évolue dans le champ de Dieu, dans le ministère, et qu’on a pour mission de servir. « Recevez gratuitement, donnez gratuitement. » Bien sûr, il faut trouver des stratégies pour vivre et s’organiser, mais il faut savoir faire la part des choses.

Un mot pour les musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien, demande-toi toujours : travailles-tu pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans recevoir de salaire, mais j’ai trouvé d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer ta journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Certes, le pasteur devrait te rémunérer, mais si ce n’est pas le cas, développe ta propre stratégie. Ne sois pas un salarié de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Aux auteurs-compositeurs:

Je conseille de faire preuve de sagesse. Même si tu es inspiré, fais toujours réviser tes textes par des personnes qualifiées et cherche un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que tu fais pour Lui doit être bien fait.

Quant aux chanteurs:

Il n’est pas nécessaire de rester toute la journée à l’église pour qu’on te voie. Si tu n’es pas rémunéré, fais ton devoir et trouve ailleurs de quoi vivre. La musique évangélique ne nourrit pas encore son homme, alors il faut créer d’autres activités rentables. Mais surtout, n’oublie jamais que même si la musique ne rapporte pas gros, tu dois rester un chrétien à part entière.

La vie est un combat, chaque jour. Parfois elle me renverse, mais je lui rends aussi quelques bons coups ! Reste fidèle, persévère et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec l’instrument qu’Il t’a confié.

Quels sont les projets de Muscadin André à court, moyen et long terme ?

À court terme:

J’ai toujours eu le rêve de mettre en place une radio qui me permettrait d’avoir la liberté de servir Dieu selon la vision qu’Il m’a donnée. Même à l’époque où j’étais dans « La Voix de l’Evangile », ce projet me tenait déjà à cœur. J’ai souvent constaté qu’un leader peut se laisser guider par un autre leader qui le dépasse, mais il est difficile pour un leader qui ne peut pas te dépasser de vraiment te conduire. C’est ce manque de latitude dans les stations où j’ai travaillé qui a motivé la création de « Inspiration FM ». Mais « Inspiration » n’est qu’un début.

À moyen terme:

Je travaille sur le « Ministère Shalom Haïti », dont la radio ne sera qu’une branche parmi d’autres. Par exemple, « Shalom Restaurant », qui propose un bon service à moindre coût, fait aussi partie de la vision de Shalom Ministère. Mon objectif est de transformer tout ce que je fais aujourd’hui en un véritable ministère, avec des ramifications qui répondent à différents besoins de la communauté.

Depuis quatre ou cinq ans, Dieu m’a aussi donné la révélation d’organiser des jeûnes de prière. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi cet appel m’était adressé, pensant manquer de maturité. Mais Dieu me répétait : « Muscadin ! Muscadin ! Je ferai de toi quelqu’un d’extraordinaire, faisant des choses extraordinaires. » Un jour, alors que j’étais aux États-Unis pour acheter du matériel pour la radio, un prédicateur, saisi par le Saint-Esprit, a prié pour moi et a prophétisé : « Cette année, je déclare que ta vie est une vie de merveille. Je déclare que tu seras un scandale de miracles en Haïti. » Je crois fermement que le Dieu qui pourvoit assure aussi la sécurité de tout ce qu’Il confie à notre gestion.

À long terme:

Le projet central, c’est Shalom. Certains n’ont jamais vu un tel phénomène, surtout lors de nos jeûnes de prière qui ont parfois rempli le Collège Adelphos au point qu’il a fallu organiser le quatrième jeûne au « Palais de l’Art ». Malgré les obstacles et les critiques de ceux qui estiment que je ne suis pas pasteur et donc pas habilité à organiser des événements d’une telle ampleur, je crois que la route que Dieu trace, personne ne peut l’obstruer.

Depuis plusieurs années, je parle aussi d’un grand Tabernacle pouvant accueillir 15 000 à 25 000 personnes.

Mais ce projet n’est qu’une conséquence de Shalom, car c’est par Shalom que ce rêve deviendra réalité. En résumé, mon ambition est de bâtir un ministère solide, multifacette, capable de toucher et transformer des vies à travers la radio, la prière, la restauration, et bien d’autres initiatives, pour la gloire de Dieu.

La Radio, Dieu l’a faite. Le Ministère, je l’ai demandé, Dieu me l’a donné.

Quels sont les concepts et structures que vous développez à l’intérieur du Ministère ?

Au sein du Ministère, en plus des jeûnes de prière, j’ai développé un concept qui me tient à cœur : SOS de Prières. Ce sera un réseau téléphonique où cinq à dix bénévoles seront toujours disponibles au bout du fil pour « bombarder » les gens de prière, selon leurs besoins. Je veux que ce réseau soit un véritable soutien spirituel, accessible à tous, à tout moment.

Quelles autres activités et projets comptez-vous intégrer au Ministère ?

L’information aura une place importante dans le Ministère, tout comme la production d’émissions. J’en prévois au moins une cinquantaine, et d’ailleurs, Jubau peut déjà se préparer à être invité ! Grâce à mon parcours dans la presse, plusieurs stations de radio me contactent aujourd’hui pour me dire : « Muscadin André, c’est toi que nous voulons. » Mais je ne cherche pas à être un one-man-show.

Quelle est votre vision pour l’avenir du Ministère et de l’animation évangélique ?

Mon objectif, c’est de faire école. Je veux former des animateurs qui iront partout, à Port-au-Prince comme en province, pour monter ces émissions et multiplier l’impact du Ministère à travers d’autres voix. C’est l’un de mes projets majeurs : transmettre, former, et voir le ministère grandir au-delà de ma propre personne.

Avez-vous d’autres projets sociaux ou éducatifs ?

Oui, j’ai aussi le projet de fonder un orphelinat. J’évolue déjà dans le domaine des bourses d’études : j’ai aidé une cinquantaine de jeunes à poursuivre leur formation. Dernièrement, l’un d’eux m’a offert de faire le plein de mon véhicule, en me rappelant que j’avais payé ses cours d’informatique à l’époque et qu’il me le devait maintenant qu’il travaille. Parfois, j’avais décidé de financer deux jeunes sans même m’en souvenir. J’ai appris qu’au service de Dieu, il faut savoir s’oublier, à la manière de Jésus.

Qu’est-ce qui vous motive à continuer et à vous investir autant ?

Je crois profondément à cette parole du Christ : si nous croyons en Ses paroles, nous ferons des choses plus grandes que Lui. Pour moi, servir, c’est se donner sans compter, former les autres, et semer dans la vie des jeunes pour qu’ils deviennent eux-mêmes des piliers de demain. Tout ce que je fais, je le fais dans cette optique : bâtir, transmettre, et laisser une empreinte durable pour la gloire de Dieu.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut commencer une émission évangélique ?

Avant tout, il faut prier et demander à Dieu si tu es vraiment appelé à ce ministère. Devenir animateur évangélique, c’est une vocation. Si je n’avais pas été appelé, jamais je n’aurais accepté une mission aussi lourde, surtout sans garantie financière. J’ai essayé plusieurs métiers, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais rien n’a vraiment marché en dehors de l’Évangile. Dès que je m’engage pour Dieu, les portes s’ouvrent. Ce n’est pas mon œuvre, c’est celle de Dieu. Donc, avant de te lancer, assure-toi que c’est Sa volonté et prépare-toi à servir comme un berger, un leader spirituel. Étudie la Bible, forme-toi, car tu seras responsable de guider beaucoup d’âmes.

Quel conseil donneriez-vous aux musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien ou chanteur, demande-toi toujours : travailles-tu vraiment pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans salaire, mais j’ai dû trouver d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer toute la journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Si le pasteur ne peut pas te rémunérer, développe ta propre stratégie pour subvenir à tes besoins. N’attends pas tout de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Il faut aussi apprendre à transformer les difficultés en occasions de grandir. J’aurais pu chuter derrière le micro, mais le Seigneur m’a appris à transformer les déceptions en joie. Même si tu reçois des critiques ou des incompréhensions, reste fidèle à ta mission et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec ton talent.

Quel conseil donneriez-vous aux auteurs-compositeurs ?

Je vous encourage à faire preuve de sagesse et à viser l’excellence dans tout ce que vous faites pour Dieu. Même si l’inspiration vient sur le moment, il est important de faire relire vos textes par des personnes compétentes et de choisir un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que vous faites pour Lui doit être bien fait. Regardez la nature, le ciel, la terre : tout reflète Sa beauté et Sa grandeur.

Un mot pour les chanteurs professionnels ?

Rappelle-toi que la musique évangélique, aujourd’hui, ne suffit pas à nourrir son homme. Il faut développer d’autres activités pour subvenir à tes besoins. Mais ce n’est pas une raison pour négliger ta vie chrétienne. La vie n’est pas facile, elle te mettra parfois à l’épreuve, mais il faut rester debout et persévérer. Même si tu dois te battre au quotidien, reste fidèle à ta mission et à la foi que tu portes.

Le dernier mot, Muscadin André ?

Je profite de cette occasion pour te remercier sincèrement pour le travail que tu accomplis. Je sens qu’il y a un lien entre nous, d’abord à travers ta musique, mais aussi parce que nous sommes tous deux des appelés. Si ton engagement ne venait pas du cœur, tu n’aurais pas cette détermination à aller chercher des personnes à interviewer pour informer les internautes. Tu pourrais rester tranquillement assis comme artiste, attendre que les gens viennent à toi dans ton bureau, mais tu choisis d’aller vers eux.

Cela me rappelle mes débuts, quand je parcourais les petits groupes pour leur donner la parole et les encourager à s’exprimer. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux connaissent le succès. Je crois que Dieu va te bénir abondamment pour ce que tu fais, parce qu’Il n’est pas un abuseur. Comme on dit chez nous : « Bondye pa manje kouraj moun gratis. » Il y a des succès et des ressources que j’ai reçus sans même savoir d’où ils venaient, mais je sais qu’ils sont arrivés à moi au nom de Dieu.

Je remercie le Seigneur pour tout cela, et je Le remercie aussi pour le ministère de Jubau. J’encourage toute l’équipe à continuer à faire preuve de créativité pour faire connaître Dieu à travers Internet. Mais surtout, n’oubliez jamais que Dieu fait partie intégrante de ce travail. C’est Lui-même qui a mis la main à la pâte pour que Jubau devienne une grande œuvre selon Son cœur.

Interview:Jose Bautista

Redaction:Pascale MontFort

Quel est votre secret ?

Mon secret, c’est la prière. J’aime particulièrement la prière silencieuse et la consécration. Ce sont dans ces moments de méditation, souvent en écoutant de la musique, que me viennent mes meilleures idées et inspirations. C’est là que je puise la force et la créativité qui nourrissent toutes mes émissions.

Où puisez-vous ce réconfort et cette joie que vous apportez à vos auditeurs ?

J’ai appris très tôt, à l’école, que mes problèmes personnels ne devaient jamais perturber mon émission. En tant qu’animateur évangélique, en tant que messager de la Bonne Nouvelle, ma mission est de transmettre ce qui est bon, d’apporter de la joie et du réconfort. Quand il m’arrive de ne pas pouvoir dépasser mes propres difficultés, je préfère rester chez moi plutôt que de venir à la radio et raconter ma vie aux gens. Beaucoup me voient comme quelqu’un de fort, sans souci, mais en réalité, c’est la prière qui me permet de rester serein et positif, même dans l’adversité.

Pourquoi les gens branchent-ils leurs postes de 9h à midi pour écouter l’émission, un samedi matin ?

Je pense que cette fidélité vient de la constance et de la préparation spirituelle derrière chaque émission. Je me prépare toujours dans la prière, ce qui me permet de rester engagé et présent pour les auditeurs. Je me dis souvent que si, à cause d’une difficulté, je renonçais à l’émission, combien de personnes passeraient à côté d’une occasion d’accepter le Seigneur ? Combien n’auraient pas l’opportunité de trouver un nouvel espoir ? C’est cette responsabilité qui me pousse à être là, chaque samedi matin, pour apporter un message qui peut changer une vie.

Quelle est la source de votre charisme ?

Mon charisme vient de la consécration dans la prière et de la préparation, autant spirituelle que psychologique. Cette discipline me permet de rester constant, peu importe les circonstances. Je crois que les auditeurs ressentent cette authenticité et cette paix qui ne viennent pas de moi, mais de Dieu.

Pourquoi choisit-on Muscadin André ?

Je crois qu’on me choisit parce que les gens sentent que ce que je partage est vrai et vécu. Je ne me contente pas de mots : je vis ce que je dis. Je me souviens d’un lundi matin, à la fin du Carnaval, où j’ai eu un accident de voiture juste avant l’émission. Malgré tout, j’ai choisi de laisser la voiture au garage et de ne pas rater l’émission. Ce jour-là, un auditeur, ancien militaire américain, m’a appelé après avoir entendu mon histoire à l’antenne. Il m’a demandé ce que je voulais faire de la personne qui m’avait causé du tort. Je lui ai répondu que je laissais tout entre les mains de Dieu. Ce même auditeur m’a ensuite invité chez lui pour prier, et ce jour-là, il a accepté Jésus comme son Sauveur personnel.

C’est dans ce genre de moments que je réalise que, si je reste fidèle à ma mission et à ma préparation dans la prière, Dieu utilise mes émissions pour toucher et transformer des vies. Voilà pourquoi, je crois, les gens continuent de me choisir et de se brancher chaque semaine.

Si je comprends bien, cela arrive souvent, qu’à la fin de vos émissions, des personnes se convertissent à Jésus…

Oui, c’est exact. L’histoire des personnes qui acceptent le Seigneur à la fin de mes émissions, notamment dans « Exaltation », ne date pas d’hier. J’ai toujours eu ce désir de voir des vies transformées, mais il me manquait au départ l’espace et les outils pour le mettre en pratique.

Quand j’animais « La Voix de l’Evangile », j’ai tenté à plusieurs reprises d’inviter les auditeurs à la conversion. Ça s’est produit à maintes occasions, mais je sentais que je n’avais pas encore les bases théologiques nécessaires pour accompagner ces démarches. C’est d’ailleurs ce manque qui m’a poussé à étudier la théologie, pour mieux comprendre et mieux guider ceux qui voulaient s’engager avec Jésus.

À partir du moment où j’ai rejoint la Radio « Inspiration », j’ai commencé à appliquer ce que j’avais appris, toujours en restant à l’écoute de l’inspiration de Dieu. Aujourd’hui, c’est devenu naturel pour moi d’ouvrir la porte à la conversion à la fin de chaque émission, et de voir des personnes faire le choix de suivre Jésus.

Comment jugez-vous la musique évangélique aujourd’hui, en termes d’originalité, de profondeur spirituelle et de mission d’évangélisation ?

Je peux dire que la musique évangélique a vraiment évolué ces dernières années. Elle n’a pas régressé, bien au contraire. Autrefois, elle était plus classique, plus formaliste, mais aujourd’hui, on sent un véritable réveil qui était incontournable. Bien sûr, il y a parfois des dérapages, mais ce que nous vivons actuellement, je l’ai souhaité et encouragé dès le début de mon ministère. Quand je travaillais à « Energy », je prenais la responsabilité d’enregistrer des bandes audios « Live » dans les églises et de les diffuser à la radio. J’ai reçu beaucoup de critiques pour cela, mais j’ai tenu bon, et c’est ainsi qu’est né le phénomène d’adoration et de louange musicale « Live » que nous connaissons aujourd’hui.

C’est un autre type d’adoration : l’artiste amène l’église dans ta maison, et c’est merveilleux ! L’âme haïtienne a besoin de se réveiller ; l’art seul ne suffit plus, il faut aussi la Révélation. La musique « Live » a apporté beaucoup de changements dans l’art évangélique. Parfois, on critique les textes, mais ils sont souvent révélateurs : c’est ce qu’on appelle un « rhema ». Certains textes sont inspirés sur le moment, pas écrits à l’avance, et peuvent sembler hors contexte lorsqu’on les réécoute plus tard. Mais ce sont des moments authentiques.

Autrefois, la musique évangélique était très classique, je pense à des groupes comme Alabanza, Zetwal, G8, Adonaï. Aujourd’hui, on constate un vrai réveil et tout le monde veut s’y mettre. Mais ce n’est pas donné à tout le monde, et beaucoup en souffrent.

Quelle différence faites-vous entre un animateur chrétien et un animateur qui ne l’est pas ?

Pour moi, il y a une vraie différence. Les concepts d’« animateur choisi » ou « animateur appelé » sont liés à la spiritualité, alors que l’« animateur professionnel » fait référence à la rémunération. Si tu n’es pas appelé, tu ne peux pas prétendre être un animateur spirituel. Cela dit, tu peux servir Dieu même en étant professionnel, mais ta mission n’est alors pas vraiment l’évangélisation.

Est-ce que ce n’est pas cette mentalité d’« animateur professionnel » qui explique la tendance à réclamer des compensations ?

Oui, c’est en partie à cause de cette mentalité. Si tu travailles dans la grande presse, c’est normal d’être rémunéré. Mais si tu te dis « appelé » et que tu choisis de te spécialiser dans la musique évangélique, il faut comprendre qu’on évolue dans le champ de Dieu, dans le ministère, et qu’on a pour mission de servir. « Recevez gratuitement, donnez gratuitement. » Bien sûr, il faut trouver des stratégies pour vivre et s’organiser, mais il faut savoir faire la part des choses.

Un mot pour les musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien, demande-toi toujours : travailles-tu pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans recevoir de salaire, mais j’ai trouvé d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer ta journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Certes, le pasteur devrait te rémunérer, mais si ce n’est pas le cas, développe ta propre stratégie. Ne sois pas un salarié de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Aux auteurs-compositeurs:

Je conseille de faire preuve de sagesse. Même si tu es inspiré, fais toujours réviser tes textes par des personnes qualifiées et cherche un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que tu fais pour Lui doit être bien fait.

Quant aux chanteurs:

Il n’est pas nécessaire de rester toute la journée à l’église pour qu’on te voie. Si tu n’es pas rémunéré, fais ton devoir et trouve ailleurs de quoi vivre. La musique évangélique ne nourrit pas encore son homme, alors il faut créer d’autres activités rentables. Mais surtout, n’oublie jamais que même si la musique ne rapporte pas gros, tu dois rester un chrétien à part entière.

La vie est un combat, chaque jour. Parfois elle me renverse, mais je lui rends aussi quelques bons coups ! Reste fidèle, persévère et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec l’instrument qu’Il t’a confié.

Quels sont les projets de Muscadin André à court, moyen et long terme ?

À court terme:

J’ai toujours eu le rêve de mettre en place une radio qui me permettrait d’avoir la liberté de servir Dieu selon la vision qu’Il m’a donnée. Même à l’époque où j’étais dans « La Voix de l’Evangile », ce projet me tenait déjà à cœur. J’ai souvent constaté qu’un leader peut se laisser guider par un autre leader qui le dépasse, mais il est difficile pour un leader qui ne peut pas te dépasser de vraiment te conduire. C’est ce manque de latitude dans les stations où j’ai travaillé qui a motivé la création de « Inspiration FM ». Mais « Inspiration » n’est qu’un début.

À moyen terme:

Je travaille sur le « Ministère Shalom Haïti », dont la radio ne sera qu’une branche parmi d’autres. Par exemple, « Shalom Restaurant », qui propose un bon service à moindre coût, fait aussi partie de la vision de Shalom Ministère. Mon objectif est de transformer tout ce que je fais aujourd’hui en un véritable ministère, avec des ramifications qui répondent à différents besoins de la communauté.

Depuis quatre ou cinq ans, Dieu m’a aussi donné la révélation d’organiser des jeûnes de prière. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi cet appel m’était adressé, pensant manquer de maturité. Mais Dieu me répétait : « Muscadin ! Muscadin ! Je ferai de toi quelqu’un d’extraordinaire, faisant des choses extraordinaires. » Un jour, alors que j’étais aux États-Unis pour acheter du matériel pour la radio, un prédicateur, saisi par le Saint-Esprit, a prié pour moi et a prophétisé : « Cette année, je déclare que ta vie est une vie de merveille. Je déclare que tu seras un scandale de miracles en Haïti. » Je crois fermement que le Dieu qui pourvoit assure aussi la sécurité de tout ce qu’Il confie à notre gestion.

À long terme:

Le projet central, c’est Shalom. Certains n’ont jamais vu un tel phénomène, surtout lors de nos jeûnes de prière qui ont parfois rempli le Collège Adelphos au point qu’il a fallu organiser le quatrième jeûne au « Palais de l’Art ». Malgré les obstacles et les critiques de ceux qui estiment que je ne suis pas pasteur et donc pas habilité à organiser des événements d’une telle ampleur, je crois que la route que Dieu trace, personne ne peut l’obstruer.

Depuis plusieurs années, je parle aussi d’un grand Tabernacle pouvant accueillir 15 000 à 25 000 personnes.

Mais ce projet n’est qu’une conséquence de Shalom, car c’est par Shalom que ce rêve deviendra réalité. En résumé, mon ambition est de bâtir un ministère solide, multifacette, capable de toucher et transformer des vies à travers la radio, la prière, la restauration, et bien d’autres initiatives, pour la gloire de Dieu.

La Radio, Dieu l’a faite. Le Ministère, je l’ai demandé, Dieu me l’a donné.

Quels sont les concepts et structures que vous développez à l’intérieur du Ministère ?

Au sein du Ministère, en plus des jeûnes de prière, j’ai développé un concept qui me tient à cœur : SOS de Prières. Ce sera un réseau téléphonique où cinq à dix bénévoles seront toujours disponibles au bout du fil pour « bombarder » les gens de prière, selon leurs besoins. Je veux que ce réseau soit un véritable soutien spirituel, accessible à tous, à tout moment.

Quelles autres activités et projets comptez-vous intégrer au Ministère ?

L’information aura une place importante dans le Ministère, tout comme la production d’émissions. J’en prévois au moins une cinquantaine, et d’ailleurs, Jubau peut déjà se préparer à être invité ! Grâce à mon parcours dans la presse, plusieurs stations de radio me contactent aujourd’hui pour me dire : « Muscadin André, c’est toi que nous voulons. » Mais je ne cherche pas à être un one-man-show.

Quelle est votre vision pour l’avenir du Ministère et de l’animation évangélique ?

Mon objectif, c’est de faire école. Je veux former des animateurs qui iront partout, à Port-au-Prince comme en province, pour monter ces émissions et multiplier l’impact du Ministère à travers d’autres voix. C’est l’un de mes projets majeurs : transmettre, former, et voir le ministère grandir au-delà de ma propre personne.

Avez-vous d’autres projets sociaux ou éducatifs ?

Oui, j’ai aussi le projet de fonder un orphelinat. J’évolue déjà dans le domaine des bourses d’études : j’ai aidé une cinquantaine de jeunes à poursuivre leur formation. Dernièrement, l’un d’eux m’a offert de faire le plein de mon véhicule, en me rappelant que j’avais payé ses cours d’informatique à l’époque et qu’il me le devait maintenant qu’il travaille. Parfois, j’avais décidé de financer deux jeunes sans même m’en souvenir. J’ai appris qu’au service de Dieu, il faut savoir s’oublier, à la manière de Jésus.

Qu’est-ce qui vous motive à continuer et à vous investir autant ?

Je crois profondément à cette parole du Christ : si nous croyons en Ses paroles, nous ferons des choses plus grandes que Lui. Pour moi, servir, c’est se donner sans compter, former les autres, et semer dans la vie des jeunes pour qu’ils deviennent eux-mêmes des piliers de demain. Tout ce que je fais, je le fais dans cette optique : bâtir, transmettre, et laisser une empreinte durable pour la gloire de Dieu.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut commencer une émission évangélique ?

Avant tout, il faut prier et demander à Dieu si tu es vraiment appelé à ce ministère. Devenir animateur évangélique, c’est une vocation. Si je n’avais pas été appelé, jamais je n’aurais accepté une mission aussi lourde, surtout sans garantie financière. J’ai essayé plusieurs métiers, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais rien n’a vraiment marché en dehors de l’Évangile. Dès que je m’engage pour Dieu, les portes s’ouvrent. Ce n’est pas mon œuvre, c’est celle de Dieu. Donc, avant de te lancer, assure-toi que c’est Sa volonté et prépare-toi à servir comme un berger, un leader spirituel. Étudie la Bible, forme-toi, car tu seras responsable de guider beaucoup d’âmes.

Quel conseil donneriez-vous aux musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien ou chanteur, demande-toi toujours : travailles-tu vraiment pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans salaire, mais j’ai dû trouver d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer toute la journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Si le pasteur ne peut pas te rémunérer, développe ta propre stratégie pour subvenir à tes besoins. N’attends pas tout de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Il faut aussi apprendre à transformer les difficultés en occasions de grandir. J’aurais pu chuter derrière le micro, mais le Seigneur m’a appris à transformer les déceptions en joie. Même si tu reçois des critiques ou des incompréhensions, reste fidèle à ta mission et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec ton talent.

Quel conseil donneriez-vous aux auteurs-compositeurs ?

Je vous encourage à faire preuve de sagesse et à viser l’excellence dans tout ce que vous faites pour Dieu. Même si l’inspiration vient sur le moment, il est important de faire relire vos textes par des personnes compétentes et de choisir un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que vous faites pour Lui doit être bien fait. Regardez la nature, le ciel, la terre : tout reflète Sa beauté et Sa grandeur.

Un mot pour les chanteurs professionnels ?

Rappelle-toi que la musique évangélique, aujourd’hui, ne suffit pas à nourrir son homme. Il faut développer d’autres activités pour subvenir à tes besoins. Mais ce n’est pas une raison pour négliger ta vie chrétienne. La vie n’est pas facile, elle te mettra parfois à l’épreuve, mais il faut rester debout et persévérer. Même si tu dois te battre au quotidien, reste fidèle à ta mission et à la foi que tu portes.

Le dernier mot, Muscadin André ?

Je profite de cette occasion pour te remercier sincèrement pour le travail que tu accomplis. Je sens qu’il y a un lien entre nous, d’abord à travers ta musique, mais aussi parce que nous sommes tous deux des appelés. Si ton engagement ne venait pas du cœur, tu n’aurais pas cette détermination à aller chercher des personnes à interviewer pour informer les internautes. Tu pourrais rester tranquillement assis comme artiste, attendre que les gens viennent à toi dans ton bureau, mais tu choisis d’aller vers eux.

Cela me rappelle mes débuts, quand je parcourais les petits groupes pour leur donner la parole et les encourager à s’exprimer. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux connaissent le succès. Je crois que Dieu va te bénir abondamment pour ce que tu fais, parce qu’Il n’est pas un abuseur. Comme on dit chez nous : « Bondye pa manje kouraj moun gratis. » Il y a des succès et des ressources que j’ai reçus sans même savoir d’où ils venaient, mais je sais qu’ils sont arrivés à moi au nom de Dieu.

Je remercie le Seigneur pour tout cela, et je Le remercie aussi pour le ministère de Jubau. J’encourage toute l’équipe à continuer à faire preuve de créativité pour faire connaître Dieu à travers Internet. Mais surtout, n’oubliez jamais que Dieu fait partie intégrante de ce travail. C’est Lui-même qui a mis la main à la pâte pour que Jubau devienne une grande œuvre selon Son cœur.

Interview:Jose Bautista

Redaction:Pascale MontFort

Le nom « Souffle Matinal » ne venait pas de vous. Quelles ont été vos motivations pour des appellations comme « Exaltation » ?

En réalité, l’inspiration pour mes émissions vient de Dieu. Je me rappelle encore l’époque où Pasteur Jean-Marie lançait « La Voix de l’Evangile ». À ce moment-là, je dirigeais toujours « Souffle Matinal », mais j’étais parti en voyage. À mon retour, Maestro William m’a dit : « muscadin andré, nous te cherchions. Nous avons une radio. » Pour moi, « La Voix de l’Evangile » représentait vraiment l’accomplissement d’une prophétie.

Vous choisissez toujours un “mot” comme titre de vos émissions évangéliques et ce mot tend toujours vers la Louange. D’où vient cette originalité ?

Cette façon de faire vient de ma relation avec Dieu. Je me souviens qu’un jour, pendant le Carnaval, j’ai passé toute une journée à prier.

Dans ma prière, j’ai crié à Dieu : « Seigneur, donne-nous une radio où l’Evangile bouillonnerait, à la manière des pentecôtistes. »

Au début, j’ai hésité, car j’avais déjà une émission et je ne voulais pas quitter la radio. Mais le Maestro a insisté : « Tu nous as tellement aidés ! Nous ne pouvons pas avoir une radio sans toi. »

Un jour, alors que je quittais Tabarre à trois heures du matin, j’ai appris le décès de Pasteur Molesse. À ce moment-là, j’ai senti que c’était peut-être le temps de changer de direction après huit ans. J’ai proposé de continuer « Dimanche Gospel » le dimanche, tout en supervisant les émissions de la semaine. Mais finalement, les choses ne se sont pas passées comme prévu et j’ai dû quitter la station. Ce choc m’a permis de grandir. J’ai encouragé « Souffle Matinal » à continuer pour la gloire de Dieu, mais sans moi.

Quels sont vos critères pour choisir le nom de vos émissions ?

Quand on m’a offert de choisir mon créneau à « La Voix de l’Evangile », j’ai voulu éviter les noms composés et ne pas entrer en compétition avec mon ancienne émission. Je suis passionné de musique, c’est la musique qui m’a amené à l’Église. C’est en compilant mes enregistrements que j’ai eu une révélation : le nom « Exaltation » a littéralement « flashé » devant mes yeux en rouge.

Au début, nous étions à l’antenne sans avoir donné de nom à l’émission. Avec Julien Janvier, Elie Pierre et d’autres, nous avons prié pour que Dieu nous inspire un nom. Le jour où j’ai vu ce mot apparaître, je leur ai dit : « Nous l’avons trouvé : Exaltation ! » On est tout de suite allés enregistrer le jingle, et l’émission a rencontré un vrai succès.

Pour moi, c’est simple : « Les noms que je donne à mes projets viennent de Dieu. »

Avant de lancer une émission, je demande à Dieu de me guider et je teste mon inspiration pour être sûr qu’elle vient de Lui. Après « Exaltation », il y a eu « Consolation », une émission télé inspirée de l’Évangile : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés. » Puis est venue « Adoration », parce qu’à 14h, c’est l’heure idéale pour adorer.

Quel est votre secret ?

Mon secret, c’est la prière. J’aime particulièrement la prière silencieuse et la consécration. Ce sont dans ces moments de méditation, souvent en écoutant de la musique, que me viennent mes meilleures idées et inspirations. C’est là que je puise la force et la créativité qui nourrissent toutes mes émissions.

Où puisez-vous ce réconfort et cette joie que vous apportez à vos auditeurs ?

J’ai appris très tôt, à l’école, que mes problèmes personnels ne devaient jamais perturber mon émission. En tant qu’animateur évangélique, en tant que messager de la Bonne Nouvelle, ma mission est de transmettre ce qui est bon, d’apporter de la joie et du réconfort. Quand il m’arrive de ne pas pouvoir dépasser mes propres difficultés, je préfère rester chez moi plutôt que de venir à la radio et raconter ma vie aux gens. Beaucoup me voient comme quelqu’un de fort, sans souci, mais en réalité, c’est la prière qui me permet de rester serein et positif, même dans l’adversité.

Pourquoi les gens branchent-ils leurs postes de 9h à midi pour écouter l’émission, un samedi matin ?

Je pense que cette fidélité vient de la constance et de la préparation spirituelle derrière chaque émission. Je me prépare toujours dans la prière, ce qui me permet de rester engagé et présent pour les auditeurs. Je me dis souvent que si, à cause d’une difficulté, je renonçais à l’émission, combien de personnes passeraient à côté d’une occasion d’accepter le Seigneur ? Combien n’auraient pas l’opportunité de trouver un nouvel espoir ? C’est cette responsabilité qui me pousse à être là, chaque samedi matin, pour apporter un message qui peut changer une vie.

Quelle est la source de votre charisme ?

Mon charisme vient de la consécration dans la prière et de la préparation, autant spirituelle que psychologique. Cette discipline me permet de rester constant, peu importe les circonstances. Je crois que les auditeurs ressentent cette authenticité et cette paix qui ne viennent pas de moi, mais de Dieu.

Pourquoi choisit-on Muscadin André ?

Je crois qu’on me choisit parce que les gens sentent que ce que je partage est vrai et vécu. Je ne me contente pas de mots : je vis ce que je dis. Je me souviens d’un lundi matin, à la fin du Carnaval, où j’ai eu un accident de voiture juste avant l’émission. Malgré tout, j’ai choisi de laisser la voiture au garage et de ne pas rater l’émission. Ce jour-là, un auditeur, ancien militaire américain, m’a appelé après avoir entendu mon histoire à l’antenne. Il m’a demandé ce que je voulais faire de la personne qui m’avait causé du tort. Je lui ai répondu que je laissais tout entre les mains de Dieu. Ce même auditeur m’a ensuite invité chez lui pour prier, et ce jour-là, il a accepté Jésus comme son Sauveur personnel.

C’est dans ce genre de moments que je réalise que, si je reste fidèle à ma mission et à ma préparation dans la prière, Dieu utilise mes émissions pour toucher et transformer des vies. Voilà pourquoi, je crois, les gens continuent de me choisir et de se brancher chaque semaine.

Si je comprends bien, cela arrive souvent, qu’à la fin de vos émissions, des personnes se convertissent à Jésus…

Oui, c’est exact. L’histoire des personnes qui acceptent le Seigneur à la fin de mes émissions, notamment dans « Exaltation », ne date pas d’hier. J’ai toujours eu ce désir de voir des vies transformées, mais il me manquait au départ l’espace et les outils pour le mettre en pratique.

Quand j’animais « La Voix de l’Evangile », j’ai tenté à plusieurs reprises d’inviter les auditeurs à la conversion. Ça s’est produit à maintes occasions, mais je sentais que je n’avais pas encore les bases théologiques nécessaires pour accompagner ces démarches. C’est d’ailleurs ce manque qui m’a poussé à étudier la théologie, pour mieux comprendre et mieux guider ceux qui voulaient s’engager avec Jésus.

À partir du moment où j’ai rejoint la Radio « Inspiration », j’ai commencé à appliquer ce que j’avais appris, toujours en restant à l’écoute de l’inspiration de Dieu. Aujourd’hui, c’est devenu naturel pour moi d’ouvrir la porte à la conversion à la fin de chaque émission, et de voir des personnes faire le choix de suivre Jésus.

Comment jugez-vous la musique évangélique aujourd’hui, en termes d’originalité, de profondeur spirituelle et de mission d’évangélisation ?

Je peux dire que la musique évangélique a vraiment évolué ces dernières années. Elle n’a pas régressé, bien au contraire. Autrefois, elle était plus classique, plus formaliste, mais aujourd’hui, on sent un véritable réveil qui était incontournable. Bien sûr, il y a parfois des dérapages, mais ce que nous vivons actuellement, je l’ai souhaité et encouragé dès le début de mon ministère. Quand je travaillais à « Energy », je prenais la responsabilité d’enregistrer des bandes audios « Live » dans les églises et de les diffuser à la radio. J’ai reçu beaucoup de critiques pour cela, mais j’ai tenu bon, et c’est ainsi qu’est né le phénomène d’adoration et de louange musicale « Live » que nous connaissons aujourd’hui.

C’est un autre type d’adoration : l’artiste amène l’église dans ta maison, et c’est merveilleux ! L’âme haïtienne a besoin de se réveiller ; l’art seul ne suffit plus, il faut aussi la Révélation. La musique « Live » a apporté beaucoup de changements dans l’art évangélique. Parfois, on critique les textes, mais ils sont souvent révélateurs : c’est ce qu’on appelle un « rhema ». Certains textes sont inspirés sur le moment, pas écrits à l’avance, et peuvent sembler hors contexte lorsqu’on les réécoute plus tard. Mais ce sont des moments authentiques.

Autrefois, la musique évangélique était très classique, je pense à des groupes comme Alabanza, Zetwal, G8, Adonaï. Aujourd’hui, on constate un vrai réveil et tout le monde veut s’y mettre. Mais ce n’est pas donné à tout le monde, et beaucoup en souffrent.

Quelle différence faites-vous entre un animateur chrétien et un animateur qui ne l’est pas ?

Pour moi, il y a une vraie différence. Les concepts d’« animateur choisi » ou « animateur appelé » sont liés à la spiritualité, alors que l’« animateur professionnel » fait référence à la rémunération. Si tu n’es pas appelé, tu ne peux pas prétendre être un animateur spirituel. Cela dit, tu peux servir Dieu même en étant professionnel, mais ta mission n’est alors pas vraiment l’évangélisation.

Est-ce que ce n’est pas cette mentalité d’« animateur professionnel » qui explique la tendance à réclamer des compensations ?

Oui, c’est en partie à cause de cette mentalité. Si tu travailles dans la grande presse, c’est normal d’être rémunéré. Mais si tu te dis « appelé » et que tu choisis de te spécialiser dans la musique évangélique, il faut comprendre qu’on évolue dans le champ de Dieu, dans le ministère, et qu’on a pour mission de servir. « Recevez gratuitement, donnez gratuitement. » Bien sûr, il faut trouver des stratégies pour vivre et s’organiser, mais il faut savoir faire la part des choses.

Un mot pour les musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien, demande-toi toujours : travailles-tu pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans recevoir de salaire, mais j’ai trouvé d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer ta journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Certes, le pasteur devrait te rémunérer, mais si ce n’est pas le cas, développe ta propre stratégie. Ne sois pas un salarié de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Aux auteurs-compositeurs:

Je conseille de faire preuve de sagesse. Même si tu es inspiré, fais toujours réviser tes textes par des personnes qualifiées et cherche un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que tu fais pour Lui doit être bien fait.

Quant aux chanteurs:

Il n’est pas nécessaire de rester toute la journée à l’église pour qu’on te voie. Si tu n’es pas rémunéré, fais ton devoir et trouve ailleurs de quoi vivre. La musique évangélique ne nourrit pas encore son homme, alors il faut créer d’autres activités rentables. Mais surtout, n’oublie jamais que même si la musique ne rapporte pas gros, tu dois rester un chrétien à part entière.

La vie est un combat, chaque jour. Parfois elle me renverse, mais je lui rends aussi quelques bons coups ! Reste fidèle, persévère et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec l’instrument qu’Il t’a confié.

Quels sont les projets de Muscadin André à court, moyen et long terme ?

À court terme:

J’ai toujours eu le rêve de mettre en place une radio qui me permettrait d’avoir la liberté de servir Dieu selon la vision qu’Il m’a donnée. Même à l’époque où j’étais dans « La Voix de l’Evangile », ce projet me tenait déjà à cœur. J’ai souvent constaté qu’un leader peut se laisser guider par un autre leader qui le dépasse, mais il est difficile pour un leader qui ne peut pas te dépasser de vraiment te conduire. C’est ce manque de latitude dans les stations où j’ai travaillé qui a motivé la création de « Inspiration FM ». Mais « Inspiration » n’est qu’un début.

À moyen terme:

Je travaille sur le « Ministère Shalom Haïti », dont la radio ne sera qu’une branche parmi d’autres. Par exemple, « Shalom Restaurant », qui propose un bon service à moindre coût, fait aussi partie de la vision de Shalom Ministère. Mon objectif est de transformer tout ce que je fais aujourd’hui en un véritable ministère, avec des ramifications qui répondent à différents besoins de la communauté.

Depuis quatre ou cinq ans, Dieu m’a aussi donné la révélation d’organiser des jeûnes de prière. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi cet appel m’était adressé, pensant manquer de maturité. Mais Dieu me répétait : « Muscadin ! Muscadin ! Je ferai de toi quelqu’un d’extraordinaire, faisant des choses extraordinaires. » Un jour, alors que j’étais aux États-Unis pour acheter du matériel pour la radio, un prédicateur, saisi par le Saint-Esprit, a prié pour moi et a prophétisé : « Cette année, je déclare que ta vie est une vie de merveille. Je déclare que tu seras un scandale de miracles en Haïti. » Je crois fermement que le Dieu qui pourvoit assure aussi la sécurité de tout ce qu’Il confie à notre gestion.

À long terme:

Le projet central, c’est Shalom. Certains n’ont jamais vu un tel phénomène, surtout lors de nos jeûnes de prière qui ont parfois rempli le Collège Adelphos au point qu’il a fallu organiser le quatrième jeûne au « Palais de l’Art ». Malgré les obstacles et les critiques de ceux qui estiment que je ne suis pas pasteur et donc pas habilité à organiser des événements d’une telle ampleur, je crois que la route que Dieu trace, personne ne peut l’obstruer.

Depuis plusieurs années, je parle aussi d’un grand Tabernacle pouvant accueillir 15 000 à 25 000 personnes.

Mais ce projet n’est qu’une conséquence de Shalom, car c’est par Shalom que ce rêve deviendra réalité. En résumé, mon ambition est de bâtir un ministère solide, multifacette, capable de toucher et transformer des vies à travers la radio, la prière, la restauration, et bien d’autres initiatives, pour la gloire de Dieu.

La Radio, Dieu l’a faite. Le Ministère, je l’ai demandé, Dieu me l’a donné.

Quels sont les concepts et structures que vous développez à l’intérieur du Ministère ?

Au sein du Ministère, en plus des jeûnes de prière, j’ai développé un concept qui me tient à cœur : SOS de Prières. Ce sera un réseau téléphonique où cinq à dix bénévoles seront toujours disponibles au bout du fil pour « bombarder » les gens de prière, selon leurs besoins. Je veux que ce réseau soit un véritable soutien spirituel, accessible à tous, à tout moment.

Quelles autres activités et projets comptez-vous intégrer au Ministère ?

L’information aura une place importante dans le Ministère, tout comme la production d’émissions. J’en prévois au moins une cinquantaine, et d’ailleurs, Jubau peut déjà se préparer à être invité ! Grâce à mon parcours dans la presse, plusieurs stations de radio me contactent aujourd’hui pour me dire : « Muscadin André, c’est toi que nous voulons. » Mais je ne cherche pas à être un one-man-show.

Quelle est votre vision pour l’avenir du Ministère et de l’animation évangélique ?

Mon objectif, c’est de faire école. Je veux former des animateurs qui iront partout, à Port-au-Prince comme en province, pour monter ces émissions et multiplier l’impact du Ministère à travers d’autres voix. C’est l’un de mes projets majeurs : transmettre, former, et voir le ministère grandir au-delà de ma propre personne.

Avez-vous d’autres projets sociaux ou éducatifs ?

Oui, j’ai aussi le projet de fonder un orphelinat. J’évolue déjà dans le domaine des bourses d’études : j’ai aidé une cinquantaine de jeunes à poursuivre leur formation. Dernièrement, l’un d’eux m’a offert de faire le plein de mon véhicule, en me rappelant que j’avais payé ses cours d’informatique à l’époque et qu’il me le devait maintenant qu’il travaille. Parfois, j’avais décidé de financer deux jeunes sans même m’en souvenir. J’ai appris qu’au service de Dieu, il faut savoir s’oublier, à la manière de Jésus.

Qu’est-ce qui vous motive à continuer et à vous investir autant ?

Je crois profondément à cette parole du Christ : si nous croyons en Ses paroles, nous ferons des choses plus grandes que Lui. Pour moi, servir, c’est se donner sans compter, former les autres, et semer dans la vie des jeunes pour qu’ils deviennent eux-mêmes des piliers de demain. Tout ce que je fais, je le fais dans cette optique : bâtir, transmettre, et laisser une empreinte durable pour la gloire de Dieu.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut commencer une émission évangélique ?

Avant tout, il faut prier et demander à Dieu si tu es vraiment appelé à ce ministère. Devenir animateur évangélique, c’est une vocation. Si je n’avais pas été appelé, jamais je n’aurais accepté une mission aussi lourde, surtout sans garantie financière. J’ai essayé plusieurs métiers, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais rien n’a vraiment marché en dehors de l’Évangile. Dès que je m’engage pour Dieu, les portes s’ouvrent. Ce n’est pas mon œuvre, c’est celle de Dieu. Donc, avant de te lancer, assure-toi que c’est Sa volonté et prépare-toi à servir comme un berger, un leader spirituel. Étudie la Bible, forme-toi, car tu seras responsable de guider beaucoup d’âmes.

Quel conseil donneriez-vous aux musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien ou chanteur, demande-toi toujours : travailles-tu vraiment pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans salaire, mais j’ai dû trouver d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer toute la journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Si le pasteur ne peut pas te rémunérer, développe ta propre stratégie pour subvenir à tes besoins. N’attends pas tout de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Il faut aussi apprendre à transformer les difficultés en occasions de grandir. J’aurais pu chuter derrière le micro, mais le Seigneur m’a appris à transformer les déceptions en joie. Même si tu reçois des critiques ou des incompréhensions, reste fidèle à ta mission et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec ton talent.

Quel conseil donneriez-vous aux auteurs-compositeurs ?

Je vous encourage à faire preuve de sagesse et à viser l’excellence dans tout ce que vous faites pour Dieu. Même si l’inspiration vient sur le moment, il est important de faire relire vos textes par des personnes compétentes et de choisir un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que vous faites pour Lui doit être bien fait. Regardez la nature, le ciel, la terre : tout reflète Sa beauté et Sa grandeur.

Un mot pour les chanteurs professionnels ?

Rappelle-toi que la musique évangélique, aujourd’hui, ne suffit pas à nourrir son homme. Il faut développer d’autres activités pour subvenir à tes besoins. Mais ce n’est pas une raison pour négliger ta vie chrétienne. La vie n’est pas facile, elle te mettra parfois à l’épreuve, mais il faut rester debout et persévérer. Même si tu dois te battre au quotidien, reste fidèle à ta mission et à la foi que tu portes.

Le dernier mot, Muscadin André ?

Je profite de cette occasion pour te remercier sincèrement pour le travail que tu accomplis. Je sens qu’il y a un lien entre nous, d’abord à travers ta musique, mais aussi parce que nous sommes tous deux des appelés. Si ton engagement ne venait pas du cœur, tu n’aurais pas cette détermination à aller chercher des personnes à interviewer pour informer les internautes. Tu pourrais rester tranquillement assis comme artiste, attendre que les gens viennent à toi dans ton bureau, mais tu choisis d’aller vers eux.

Cela me rappelle mes débuts, quand je parcourais les petits groupes pour leur donner la parole et les encourager à s’exprimer. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux connaissent le succès. Je crois que Dieu va te bénir abondamment pour ce que tu fais, parce qu’Il n’est pas un abuseur. Comme on dit chez nous : « Bondye pa manje kouraj moun gratis. » Il y a des succès et des ressources que j’ai reçus sans même savoir d’où ils venaient, mais je sais qu’ils sont arrivés à moi au nom de Dieu.

Je remercie le Seigneur pour tout cela, et je Le remercie aussi pour le ministère de Jubau. J’encourage toute l’équipe à continuer à faire preuve de créativité pour faire connaître Dieu à travers Internet. Mais surtout, n’oubliez jamais que Dieu fait partie intégrante de ce travail. C’est Lui-même qui a mis la main à la pâte pour que Jubau devienne une grande œuvre selon Son cœur.

Interview:Jose Bautista

Redaction:Pascale MontFort

Pendant ces huit années à « Souffle Matinal », quel a été le moment le plus difficile, celui qui aurait pu vous pousser à tout abandonner si vous n’aviez pas eu la foi et la protection divine ?

« Souffle Matinal » a été pour moi une véritable école de vie. C’est là que j’ai vraiment forgé mon caractère, souvent dans la solitude, uniquement guidé par Dieu. Mes proches ne comprenaient pas toujours mes choix, certains étaient même frustrés malgré le fait que je les avais choisis pour m’accompagner sur ce chemin. Cela m’a appris, parfois à mes dépens, à bien sélectionner les personnes avec qui collaborer et à assumer mes erreurs de jugement.

Je dois avouer que je n’ai pas toujours laissé Dieu me guider ; il m’est arrivé de réagir avec impulsivité. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir accompli ma mission sans jamais céder à la corruption, alors que la norme voulait que chaque animateur soit payé pour promouvoir un groupe. J’ai choisi une autre voie, même si ce choix m’a coûté cher. Parfois, la tentation de réclamer de l’argent était forte, mais je voulais absolument me démarquer. Même une somme d’un million de dollars n’aurait pas pu me convaincre de diffuser une mauvaise musique.

Le pire épisode s’est produit avant le deuxième anniversaire de l’émission. Dieu m’a alors révélé le don de trouver les mots justes pour réconforter. Après une émission, un homme m’a appelé, affirmant que j’avais tellement touché sa vie qu’il voulait m’offrir 15 visas pour voyager avec qui je voulais. Son père dirigeait, disait-il, une grande Église aux États-Unis. Malgré mes propres visas, je n’ai pas voulu mêler ma famille à ce projet et j’ai préféré partager cette opportunité avec une formation musicale évangélique. J’ai d’abord approché le groupe G8, puis Adonaï, mais les obstacles administratifs se sont multipliés. Finalement, j’ai tenté de constituer un groupe d’artistes du milieu, chacun devant débourser 645 dollars, sans compter les frais supplémentaires. Mon collègue Jean-Marie Papin a même emprunté 600 dollars pour participer.

Le jour du rendez-vous à la Sogebank, j’ai remis toute la somme à l’organisateur, mais il m’a demandé de garder les passeports un peu plus longtemps. Je ne l’ai plus jamais revu depuis. À peine un an après mes débuts à la radio, je me suis retrouvé au cœur d’un scandale : certains ont commencé à douter de mon intégrité, m’accusant d’être un escroc sous couvert d’animateur. Cela m’a profondément blessé, d’autant plus que je venais de me marier et que mon épouse, qui me connaissait à peine, ne savait plus quoi penser. J’ai beaucoup prié et appris à jeûner. Dans le ministère, il faut s’attendre à des épreuves.

C’est à ce moment que « Souffle Matinal » a véritablement pris tout son sens. Chaque matin, à l’aube, je me réfugiais derrière la console, fuyant le regard des autres. Pendant deux mois, j’ai pleuré en silence au travail, incapable de parler, alors que la pression montait : les artistes attendaient des réponses, l’argent devait être remboursé, et les accusations pesaient lourd sur mes épaules. J’ai sérieusement envisagé de quitter la radio, de tourner le dos à l’évangélisation.

Mais c’est aussi là que Dieu m’a relevé, m’inspirant des slogans devenus cultes : « Souf matinal, depi-l jou m’pa tande-w, batri-m pa chaje », « Souf Matinal, mwen renmen-w anpil », ou encore « Restez dans le “La” de Dieu », une exhortation de Pasteur Bazin du Collège Adelphos qui a marqué mes auditeurs. À chaque fois que je la répète, je me rappelle que j’ai traversé des tempêtes, mais que Dieu a toujours été fidèle pour me relever.

À tous ceux qui traversent des moments difficiles, je dis : restez accrochés à Dieu. C’est dans l’adversité que se révèlent les plus belles victoires, et c’est là que j’ai expérimenté la fidélité divine.

Le nom « Souffle Matinal » ne venait pas de vous. Quelles ont été vos motivations pour des appellations comme « Exaltation » ?

En réalité, l’inspiration pour mes émissions vient de Dieu. Je me rappelle encore l’époque où Pasteur Jean-Marie lançait « La Voix de l’Evangile ». À ce moment-là, je dirigeais toujours « Souffle Matinal », mais j’étais parti en voyage. À mon retour, Maestro William m’a dit : « muscadin andré, nous te cherchions. Nous avons une radio. » Pour moi, « La Voix de l’Evangile » représentait vraiment l’accomplissement d’une prophétie.

Vous choisissez toujours un “mot” comme titre de vos émissions évangéliques et ce mot tend toujours vers la Louange. D’où vient cette originalité ?

Cette façon de faire vient de ma relation avec Dieu. Je me souviens qu’un jour, pendant le Carnaval, j’ai passé toute une journée à prier.

Dans ma prière, j’ai crié à Dieu : « Seigneur, donne-nous une radio où l’Evangile bouillonnerait, à la manière des pentecôtistes. »

Au début, j’ai hésité, car j’avais déjà une émission et je ne voulais pas quitter la radio. Mais le Maestro a insisté : « Tu nous as tellement aidés ! Nous ne pouvons pas avoir une radio sans toi. »

Un jour, alors que je quittais Tabarre à trois heures du matin, j’ai appris le décès de Pasteur Molesse. À ce moment-là, j’ai senti que c’était peut-être le temps de changer de direction après huit ans. J’ai proposé de continuer « Dimanche Gospel » le dimanche, tout en supervisant les émissions de la semaine. Mais finalement, les choses ne se sont pas passées comme prévu et j’ai dû quitter la station. Ce choc m’a permis de grandir. J’ai encouragé « Souffle Matinal » à continuer pour la gloire de Dieu, mais sans moi.

Quels sont vos critères pour choisir le nom de vos émissions ?

Quand on m’a offert de choisir mon créneau à « La Voix de l’Evangile », j’ai voulu éviter les noms composés et ne pas entrer en compétition avec mon ancienne émission. Je suis passionné de musique, c’est la musique qui m’a amené à l’Église. C’est en compilant mes enregistrements que j’ai eu une révélation : le nom « Exaltation » a littéralement « flashé » devant mes yeux en rouge.

Au début, nous étions à l’antenne sans avoir donné de nom à l’émission. Avec Julien Janvier, Elie Pierre et d’autres, nous avons prié pour que Dieu nous inspire un nom. Le jour où j’ai vu ce mot apparaître, je leur ai dit : « Nous l’avons trouvé : Exaltation ! » On est tout de suite allés enregistrer le jingle, et l’émission a rencontré un vrai succès.

Pour moi, c’est simple : « Les noms que je donne à mes projets viennent de Dieu. »

Avant de lancer une émission, je demande à Dieu de me guider et je teste mon inspiration pour être sûr qu’elle vient de Lui. Après « Exaltation », il y a eu « Consolation », une émission télé inspirée de l’Évangile : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés. » Puis est venue « Adoration », parce qu’à 14h, c’est l’heure idéale pour adorer.

Quel est votre secret ?

Mon secret, c’est la prière. J’aime particulièrement la prière silencieuse et la consécration. Ce sont dans ces moments de méditation, souvent en écoutant de la musique, que me viennent mes meilleures idées et inspirations. C’est là que je puise la force et la créativité qui nourrissent toutes mes émissions.

Où puisez-vous ce réconfort et cette joie que vous apportez à vos auditeurs ?

J’ai appris très tôt, à l’école, que mes problèmes personnels ne devaient jamais perturber mon émission. En tant qu’animateur évangélique, en tant que messager de la Bonne Nouvelle, ma mission est de transmettre ce qui est bon, d’apporter de la joie et du réconfort. Quand il m’arrive de ne pas pouvoir dépasser mes propres difficultés, je préfère rester chez moi plutôt que de venir à la radio et raconter ma vie aux gens. Beaucoup me voient comme quelqu’un de fort, sans souci, mais en réalité, c’est la prière qui me permet de rester serein et positif, même dans l’adversité.

Pourquoi les gens branchent-ils leurs postes de 9h à midi pour écouter l’émission, un samedi matin ?

Je pense que cette fidélité vient de la constance et de la préparation spirituelle derrière chaque émission. Je me prépare toujours dans la prière, ce qui me permet de rester engagé et présent pour les auditeurs. Je me dis souvent que si, à cause d’une difficulté, je renonçais à l’émission, combien de personnes passeraient à côté d’une occasion d’accepter le Seigneur ? Combien n’auraient pas l’opportunité de trouver un nouvel espoir ? C’est cette responsabilité qui me pousse à être là, chaque samedi matin, pour apporter un message qui peut changer une vie.

Quelle est la source de votre charisme ?

Mon charisme vient de la consécration dans la prière et de la préparation, autant spirituelle que psychologique. Cette discipline me permet de rester constant, peu importe les circonstances. Je crois que les auditeurs ressentent cette authenticité et cette paix qui ne viennent pas de moi, mais de Dieu.

Pourquoi choisit-on Muscadin André ?

Je crois qu’on me choisit parce que les gens sentent que ce que je partage est vrai et vécu. Je ne me contente pas de mots : je vis ce que je dis. Je me souviens d’un lundi matin, à la fin du Carnaval, où j’ai eu un accident de voiture juste avant l’émission. Malgré tout, j’ai choisi de laisser la voiture au garage et de ne pas rater l’émission. Ce jour-là, un auditeur, ancien militaire américain, m’a appelé après avoir entendu mon histoire à l’antenne. Il m’a demandé ce que je voulais faire de la personne qui m’avait causé du tort. Je lui ai répondu que je laissais tout entre les mains de Dieu. Ce même auditeur m’a ensuite invité chez lui pour prier, et ce jour-là, il a accepté Jésus comme son Sauveur personnel.

C’est dans ce genre de moments que je réalise que, si je reste fidèle à ma mission et à ma préparation dans la prière, Dieu utilise mes émissions pour toucher et transformer des vies. Voilà pourquoi, je crois, les gens continuent de me choisir et de se brancher chaque semaine.

Si je comprends bien, cela arrive souvent, qu’à la fin de vos émissions, des personnes se convertissent à Jésus…

Oui, c’est exact. L’histoire des personnes qui acceptent le Seigneur à la fin de mes émissions, notamment dans « Exaltation », ne date pas d’hier. J’ai toujours eu ce désir de voir des vies transformées, mais il me manquait au départ l’espace et les outils pour le mettre en pratique.

Quand j’animais « La Voix de l’Evangile », j’ai tenté à plusieurs reprises d’inviter les auditeurs à la conversion. Ça s’est produit à maintes occasions, mais je sentais que je n’avais pas encore les bases théologiques nécessaires pour accompagner ces démarches. C’est d’ailleurs ce manque qui m’a poussé à étudier la théologie, pour mieux comprendre et mieux guider ceux qui voulaient s’engager avec Jésus.

À partir du moment où j’ai rejoint la Radio « Inspiration », j’ai commencé à appliquer ce que j’avais appris, toujours en restant à l’écoute de l’inspiration de Dieu. Aujourd’hui, c’est devenu naturel pour moi d’ouvrir la porte à la conversion à la fin de chaque émission, et de voir des personnes faire le choix de suivre Jésus.

Comment jugez-vous la musique évangélique aujourd’hui, en termes d’originalité, de profondeur spirituelle et de mission d’évangélisation ?

Je peux dire que la musique évangélique a vraiment évolué ces dernières années. Elle n’a pas régressé, bien au contraire. Autrefois, elle était plus classique, plus formaliste, mais aujourd’hui, on sent un véritable réveil qui était incontournable. Bien sûr, il y a parfois des dérapages, mais ce que nous vivons actuellement, je l’ai souhaité et encouragé dès le début de mon ministère. Quand je travaillais à « Energy », je prenais la responsabilité d’enregistrer des bandes audios « Live » dans les églises et de les diffuser à la radio. J’ai reçu beaucoup de critiques pour cela, mais j’ai tenu bon, et c’est ainsi qu’est né le phénomène d’adoration et de louange musicale « Live » que nous connaissons aujourd’hui.

C’est un autre type d’adoration : l’artiste amène l’église dans ta maison, et c’est merveilleux ! L’âme haïtienne a besoin de se réveiller ; l’art seul ne suffit plus, il faut aussi la Révélation. La musique « Live » a apporté beaucoup de changements dans l’art évangélique. Parfois, on critique les textes, mais ils sont souvent révélateurs : c’est ce qu’on appelle un « rhema ». Certains textes sont inspirés sur le moment, pas écrits à l’avance, et peuvent sembler hors contexte lorsqu’on les réécoute plus tard. Mais ce sont des moments authentiques.

Autrefois, la musique évangélique était très classique, je pense à des groupes comme Alabanza, Zetwal, G8, Adonaï. Aujourd’hui, on constate un vrai réveil et tout le monde veut s’y mettre. Mais ce n’est pas donné à tout le monde, et beaucoup en souffrent.

Quelle différence faites-vous entre un animateur chrétien et un animateur qui ne l’est pas ?

Pour moi, il y a une vraie différence. Les concepts d’« animateur choisi » ou « animateur appelé » sont liés à la spiritualité, alors que l’« animateur professionnel » fait référence à la rémunération. Si tu n’es pas appelé, tu ne peux pas prétendre être un animateur spirituel. Cela dit, tu peux servir Dieu même en étant professionnel, mais ta mission n’est alors pas vraiment l’évangélisation.

Est-ce que ce n’est pas cette mentalité d’« animateur professionnel » qui explique la tendance à réclamer des compensations ?

Oui, c’est en partie à cause de cette mentalité. Si tu travailles dans la grande presse, c’est normal d’être rémunéré. Mais si tu te dis « appelé » et que tu choisis de te spécialiser dans la musique évangélique, il faut comprendre qu’on évolue dans le champ de Dieu, dans le ministère, et qu’on a pour mission de servir. « Recevez gratuitement, donnez gratuitement. » Bien sûr, il faut trouver des stratégies pour vivre et s’organiser, mais il faut savoir faire la part des choses.

Un mot pour les musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien, demande-toi toujours : travailles-tu pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans recevoir de salaire, mais j’ai trouvé d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer ta journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Certes, le pasteur devrait te rémunérer, mais si ce n’est pas le cas, développe ta propre stratégie. Ne sois pas un salarié de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Aux auteurs-compositeurs:

Je conseille de faire preuve de sagesse. Même si tu es inspiré, fais toujours réviser tes textes par des personnes qualifiées et cherche un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que tu fais pour Lui doit être bien fait.

Quant aux chanteurs:

Il n’est pas nécessaire de rester toute la journée à l’église pour qu’on te voie. Si tu n’es pas rémunéré, fais ton devoir et trouve ailleurs de quoi vivre. La musique évangélique ne nourrit pas encore son homme, alors il faut créer d’autres activités rentables. Mais surtout, n’oublie jamais que même si la musique ne rapporte pas gros, tu dois rester un chrétien à part entière.

La vie est un combat, chaque jour. Parfois elle me renverse, mais je lui rends aussi quelques bons coups ! Reste fidèle, persévère et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec l’instrument qu’Il t’a confié.

Quels sont les projets de Muscadin André à court, moyen et long terme ?

À court terme:

J’ai toujours eu le rêve de mettre en place une radio qui me permettrait d’avoir la liberté de servir Dieu selon la vision qu’Il m’a donnée. Même à l’époque où j’étais dans « La Voix de l’Evangile », ce projet me tenait déjà à cœur. J’ai souvent constaté qu’un leader peut se laisser guider par un autre leader qui le dépasse, mais il est difficile pour un leader qui ne peut pas te dépasser de vraiment te conduire. C’est ce manque de latitude dans les stations où j’ai travaillé qui a motivé la création de « Inspiration FM ». Mais « Inspiration » n’est qu’un début.

À moyen terme:

Je travaille sur le « Ministère Shalom Haïti », dont la radio ne sera qu’une branche parmi d’autres. Par exemple, « Shalom Restaurant », qui propose un bon service à moindre coût, fait aussi partie de la vision de Shalom Ministère. Mon objectif est de transformer tout ce que je fais aujourd’hui en un véritable ministère, avec des ramifications qui répondent à différents besoins de la communauté.

Depuis quatre ou cinq ans, Dieu m’a aussi donné la révélation d’organiser des jeûnes de prière. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi cet appel m’était adressé, pensant manquer de maturité. Mais Dieu me répétait : « Muscadin ! Muscadin ! Je ferai de toi quelqu’un d’extraordinaire, faisant des choses extraordinaires. » Un jour, alors que j’étais aux États-Unis pour acheter du matériel pour la radio, un prédicateur, saisi par le Saint-Esprit, a prié pour moi et a prophétisé : « Cette année, je déclare que ta vie est une vie de merveille. Je déclare que tu seras un scandale de miracles en Haïti. » Je crois fermement que le Dieu qui pourvoit assure aussi la sécurité de tout ce qu’Il confie à notre gestion.

À long terme:

Le projet central, c’est Shalom. Certains n’ont jamais vu un tel phénomène, surtout lors de nos jeûnes de prière qui ont parfois rempli le Collège Adelphos au point qu’il a fallu organiser le quatrième jeûne au « Palais de l’Art ». Malgré les obstacles et les critiques de ceux qui estiment que je ne suis pas pasteur et donc pas habilité à organiser des événements d’une telle ampleur, je crois que la route que Dieu trace, personne ne peut l’obstruer.

Depuis plusieurs années, je parle aussi d’un grand Tabernacle pouvant accueillir 15 000 à 25 000 personnes.

Mais ce projet n’est qu’une conséquence de Shalom, car c’est par Shalom que ce rêve deviendra réalité. En résumé, mon ambition est de bâtir un ministère solide, multifacette, capable de toucher et transformer des vies à travers la radio, la prière, la restauration, et bien d’autres initiatives, pour la gloire de Dieu.

La Radio, Dieu l’a faite. Le Ministère, je l’ai demandé, Dieu me l’a donné.

Quels sont les concepts et structures que vous développez à l’intérieur du Ministère ?

Au sein du Ministère, en plus des jeûnes de prière, j’ai développé un concept qui me tient à cœur : SOS de Prières. Ce sera un réseau téléphonique où cinq à dix bénévoles seront toujours disponibles au bout du fil pour « bombarder » les gens de prière, selon leurs besoins. Je veux que ce réseau soit un véritable soutien spirituel, accessible à tous, à tout moment.

Quelles autres activités et projets comptez-vous intégrer au Ministère ?

L’information aura une place importante dans le Ministère, tout comme la production d’émissions. J’en prévois au moins une cinquantaine, et d’ailleurs, Jubau peut déjà se préparer à être invité ! Grâce à mon parcours dans la presse, plusieurs stations de radio me contactent aujourd’hui pour me dire : « Muscadin André, c’est toi que nous voulons. » Mais je ne cherche pas à être un one-man-show.

Quelle est votre vision pour l’avenir du Ministère et de l’animation évangélique ?

Mon objectif, c’est de faire école. Je veux former des animateurs qui iront partout, à Port-au-Prince comme en province, pour monter ces émissions et multiplier l’impact du Ministère à travers d’autres voix. C’est l’un de mes projets majeurs : transmettre, former, et voir le ministère grandir au-delà de ma propre personne.

Avez-vous d’autres projets sociaux ou éducatifs ?

Oui, j’ai aussi le projet de fonder un orphelinat. J’évolue déjà dans le domaine des bourses d’études : j’ai aidé une cinquantaine de jeunes à poursuivre leur formation. Dernièrement, l’un d’eux m’a offert de faire le plein de mon véhicule, en me rappelant que j’avais payé ses cours d’informatique à l’époque et qu’il me le devait maintenant qu’il travaille. Parfois, j’avais décidé de financer deux jeunes sans même m’en souvenir. J’ai appris qu’au service de Dieu, il faut savoir s’oublier, à la manière de Jésus.

Qu’est-ce qui vous motive à continuer et à vous investir autant ?

Je crois profondément à cette parole du Christ : si nous croyons en Ses paroles, nous ferons des choses plus grandes que Lui. Pour moi, servir, c’est se donner sans compter, former les autres, et semer dans la vie des jeunes pour qu’ils deviennent eux-mêmes des piliers de demain. Tout ce que je fais, je le fais dans cette optique : bâtir, transmettre, et laisser une empreinte durable pour la gloire de Dieu.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut commencer une émission évangélique ?

Avant tout, il faut prier et demander à Dieu si tu es vraiment appelé à ce ministère. Devenir animateur évangélique, c’est une vocation. Si je n’avais pas été appelé, jamais je n’aurais accepté une mission aussi lourde, surtout sans garantie financière. J’ai essayé plusieurs métiers, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais rien n’a vraiment marché en dehors de l’Évangile. Dès que je m’engage pour Dieu, les portes s’ouvrent. Ce n’est pas mon œuvre, c’est celle de Dieu. Donc, avant de te lancer, assure-toi que c’est Sa volonté et prépare-toi à servir comme un berger, un leader spirituel. Étudie la Bible, forme-toi, car tu seras responsable de guider beaucoup d’âmes.

Quel conseil donneriez-vous aux musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien ou chanteur, demande-toi toujours : travailles-tu vraiment pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans salaire, mais j’ai dû trouver d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer toute la journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Si le pasteur ne peut pas te rémunérer, développe ta propre stratégie pour subvenir à tes besoins. N’attends pas tout de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Il faut aussi apprendre à transformer les difficultés en occasions de grandir. J’aurais pu chuter derrière le micro, mais le Seigneur m’a appris à transformer les déceptions en joie. Même si tu reçois des critiques ou des incompréhensions, reste fidèle à ta mission et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec ton talent.

Quel conseil donneriez-vous aux auteurs-compositeurs ?

Je vous encourage à faire preuve de sagesse et à viser l’excellence dans tout ce que vous faites pour Dieu. Même si l’inspiration vient sur le moment, il est important de faire relire vos textes par des personnes compétentes et de choisir un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que vous faites pour Lui doit être bien fait. Regardez la nature, le ciel, la terre : tout reflète Sa beauté et Sa grandeur.

Un mot pour les chanteurs professionnels ?

Rappelle-toi que la musique évangélique, aujourd’hui, ne suffit pas à nourrir son homme. Il faut développer d’autres activités pour subvenir à tes besoins. Mais ce n’est pas une raison pour négliger ta vie chrétienne. La vie n’est pas facile, elle te mettra parfois à l’épreuve, mais il faut rester debout et persévérer. Même si tu dois te battre au quotidien, reste fidèle à ta mission et à la foi que tu portes.

Le dernier mot, Muscadin André ?

Je profite de cette occasion pour te remercier sincèrement pour le travail que tu accomplis. Je sens qu’il y a un lien entre nous, d’abord à travers ta musique, mais aussi parce que nous sommes tous deux des appelés. Si ton engagement ne venait pas du cœur, tu n’aurais pas cette détermination à aller chercher des personnes à interviewer pour informer les internautes. Tu pourrais rester tranquillement assis comme artiste, attendre que les gens viennent à toi dans ton bureau, mais tu choisis d’aller vers eux.

Cela me rappelle mes débuts, quand je parcourais les petits groupes pour leur donner la parole et les encourager à s’exprimer. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux connaissent le succès. Je crois que Dieu va te bénir abondamment pour ce que tu fais, parce qu’Il n’est pas un abuseur. Comme on dit chez nous : « Bondye pa manje kouraj moun gratis. » Il y a des succès et des ressources que j’ai reçus sans même savoir d’où ils venaient, mais je sais qu’ils sont arrivés à moi au nom de Dieu.

Je remercie le Seigneur pour tout cela, et je Le remercie aussi pour le ministère de Jubau. J’encourage toute l’équipe à continuer à faire preuve de créativité pour faire connaître Dieu à travers Internet. Mais surtout, n’oubliez jamais que Dieu fait partie intégrante de ce travail. C’est Lui-même qui a mis la main à la pâte pour que Jubau devienne une grande œuvre selon Son cœur.

Interview:Jose Bautista

Redaction:Pascale MontFort

Effectivement, je n’ai pas lancé cette émission, mais c’est grâce à mes choix que le programme a vraiment décollé. J’ai passé huit ans à m’investir à fond dans ce ministère. Durant cette période, j’ai eu des idées d’activités qui continuent de me surprendre aujourd’hui, preuve que j’étais vraiment sur la bonne voie.

J’ai été inspiré, mon imagination a explosé. J’ai organisé des événements phares comme « Ji Zaboka » ou « Souffle du Samedi Soir », un rendez-vous incontournable où les groupes évangéliques venaient performer en plein air, avec ambiance troubadour, fritailles et tout ce qui fait vibrer la cour. J’ai pu compter sur une équipe solide, et petit à petit, je suis devenu l’animateur principal de toutes ces activités. Aux côtés de Jude d’Août, Junel à la guitare, et tout le staff de Sur Le Rocher, j’ai commencé à me faire un réseau, à visiter les églises et à collaborer avec plusieurs groupes, souvent comme MC ou animateur : Oshama, Adonaï, Jéricho, Horeb – le tout premier groupe que j’ai dirigé.

Je me rappelle la première fois qu’on a voulu monter un show : le groupe était bloqué pour 400 gourdes. J’ai décidé de leur offrir la somme. Ils ont été tellement touchés qu’ils m’ont proposé de devenir leur manager. C’est comme ça que mon aventure dans le ministère a vraiment pris son envol.

Pendant ces huit années à « Souffle Matinal », quel a été le moment le plus difficile, celui qui aurait pu vous pousser à tout abandonner si vous n’aviez pas eu la foi et la protection divine ?

« Souffle Matinal » a été pour moi une véritable école de vie. C’est là que j’ai vraiment forgé mon caractère, souvent dans la solitude, uniquement guidé par Dieu. Mes proches ne comprenaient pas toujours mes choix, certains étaient même frustrés malgré le fait que je les avais choisis pour m’accompagner sur ce chemin. Cela m’a appris, parfois à mes dépens, à bien sélectionner les personnes avec qui collaborer et à assumer mes erreurs de jugement.

Je dois avouer que je n’ai pas toujours laissé Dieu me guider ; il m’est arrivé de réagir avec impulsivité. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir accompli ma mission sans jamais céder à la corruption, alors que la norme voulait que chaque animateur soit payé pour promouvoir un groupe. J’ai choisi une autre voie, même si ce choix m’a coûté cher. Parfois, la tentation de réclamer de l’argent était forte, mais je voulais absolument me démarquer. Même une somme d’un million de dollars n’aurait pas pu me convaincre de diffuser une mauvaise musique.

Le pire épisode s’est produit avant le deuxième anniversaire de l’émission. Dieu m’a alors révélé le don de trouver les mots justes pour réconforter. Après une émission, un homme m’a appelé, affirmant que j’avais tellement touché sa vie qu’il voulait m’offrir 15 visas pour voyager avec qui je voulais. Son père dirigeait, disait-il, une grande Église aux États-Unis. Malgré mes propres visas, je n’ai pas voulu mêler ma famille à ce projet et j’ai préféré partager cette opportunité avec une formation musicale évangélique. J’ai d’abord approché le groupe G8, puis Adonaï, mais les obstacles administratifs se sont multipliés. Finalement, j’ai tenté de constituer un groupe d’artistes du milieu, chacun devant débourser 645 dollars, sans compter les frais supplémentaires. Mon collègue Jean-Marie Papin a même emprunté 600 dollars pour participer.

Le jour du rendez-vous à la Sogebank, j’ai remis toute la somme à l’organisateur, mais il m’a demandé de garder les passeports un peu plus longtemps. Je ne l’ai plus jamais revu depuis. À peine un an après mes débuts à la radio, je me suis retrouvé au cœur d’un scandale : certains ont commencé à douter de mon intégrité, m’accusant d’être un escroc sous couvert d’animateur. Cela m’a profondément blessé, d’autant plus que je venais de me marier et que mon épouse, qui me connaissait à peine, ne savait plus quoi penser. J’ai beaucoup prié et appris à jeûner. Dans le ministère, il faut s’attendre à des épreuves.

C’est à ce moment que « Souffle Matinal » a véritablement pris tout son sens. Chaque matin, à l’aube, je me réfugiais derrière la console, fuyant le regard des autres. Pendant deux mois, j’ai pleuré en silence au travail, incapable de parler, alors que la pression montait : les artistes attendaient des réponses, l’argent devait être remboursé, et les accusations pesaient lourd sur mes épaules. J’ai sérieusement envisagé de quitter la radio, de tourner le dos à l’évangélisation.

Mais c’est aussi là que Dieu m’a relevé, m’inspirant des slogans devenus cultes : « Souf matinal, depi-l jou m’pa tande-w, batri-m pa chaje », « Souf Matinal, mwen renmen-w anpil », ou encore « Restez dans le “La” de Dieu », une exhortation de Pasteur Bazin du Collège Adelphos qui a marqué mes auditeurs. À chaque fois que je la répète, je me rappelle que j’ai traversé des tempêtes, mais que Dieu a toujours été fidèle pour me relever.

À tous ceux qui traversent des moments difficiles, je dis : restez accrochés à Dieu. C’est dans l’adversité que se révèlent les plus belles victoires, et c’est là que j’ai expérimenté la fidélité divine.

Le nom « Souffle Matinal » ne venait pas de vous. Quelles ont été vos motivations pour des appellations comme « Exaltation » ?

En réalité, l’inspiration pour mes émissions vient de Dieu. Je me rappelle encore l’époque où Pasteur Jean-Marie lançait « La Voix de l’Evangile ». À ce moment-là, je dirigeais toujours « Souffle Matinal », mais j’étais parti en voyage. À mon retour, Maestro William m’a dit : « muscadin andré, nous te cherchions. Nous avons une radio. » Pour moi, « La Voix de l’Evangile » représentait vraiment l’accomplissement d’une prophétie.

Vous choisissez toujours un “mot” comme titre de vos émissions évangéliques et ce mot tend toujours vers la Louange. D’où vient cette originalité ?

Cette façon de faire vient de ma relation avec Dieu. Je me souviens qu’un jour, pendant le Carnaval, j’ai passé toute une journée à prier.

Dans ma prière, j’ai crié à Dieu : « Seigneur, donne-nous une radio où l’Evangile bouillonnerait, à la manière des pentecôtistes. »

Au début, j’ai hésité, car j’avais déjà une émission et je ne voulais pas quitter la radio. Mais le Maestro a insisté : « Tu nous as tellement aidés ! Nous ne pouvons pas avoir une radio sans toi. »

Un jour, alors que je quittais Tabarre à trois heures du matin, j’ai appris le décès de Pasteur Molesse. À ce moment-là, j’ai senti que c’était peut-être le temps de changer de direction après huit ans. J’ai proposé de continuer « Dimanche Gospel » le dimanche, tout en supervisant les émissions de la semaine. Mais finalement, les choses ne se sont pas passées comme prévu et j’ai dû quitter la station. Ce choc m’a permis de grandir. J’ai encouragé « Souffle Matinal » à continuer pour la gloire de Dieu, mais sans moi.

Quels sont vos critères pour choisir le nom de vos émissions ?

Quand on m’a offert de choisir mon créneau à « La Voix de l’Evangile », j’ai voulu éviter les noms composés et ne pas entrer en compétition avec mon ancienne émission. Je suis passionné de musique, c’est la musique qui m’a amené à l’Église. C’est en compilant mes enregistrements que j’ai eu une révélation : le nom « Exaltation » a littéralement « flashé » devant mes yeux en rouge.

Au début, nous étions à l’antenne sans avoir donné de nom à l’émission. Avec Julien Janvier, Elie Pierre et d’autres, nous avons prié pour que Dieu nous inspire un nom. Le jour où j’ai vu ce mot apparaître, je leur ai dit : « Nous l’avons trouvé : Exaltation ! » On est tout de suite allés enregistrer le jingle, et l’émission a rencontré un vrai succès.

Pour moi, c’est simple : « Les noms que je donne à mes projets viennent de Dieu. »

Avant de lancer une émission, je demande à Dieu de me guider et je teste mon inspiration pour être sûr qu’elle vient de Lui. Après « Exaltation », il y a eu « Consolation », une émission télé inspirée de l’Évangile : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés. » Puis est venue « Adoration », parce qu’à 14h, c’est l’heure idéale pour adorer.

Quel est votre secret ?

Mon secret, c’est la prière. J’aime particulièrement la prière silencieuse et la consécration. Ce sont dans ces moments de méditation, souvent en écoutant de la musique, que me viennent mes meilleures idées et inspirations. C’est là que je puise la force et la créativité qui nourrissent toutes mes émissions.

Où puisez-vous ce réconfort et cette joie que vous apportez à vos auditeurs ?

J’ai appris très tôt, à l’école, que mes problèmes personnels ne devaient jamais perturber mon émission. En tant qu’animateur évangélique, en tant que messager de la Bonne Nouvelle, ma mission est de transmettre ce qui est bon, d’apporter de la joie et du réconfort. Quand il m’arrive de ne pas pouvoir dépasser mes propres difficultés, je préfère rester chez moi plutôt que de venir à la radio et raconter ma vie aux gens. Beaucoup me voient comme quelqu’un de fort, sans souci, mais en réalité, c’est la prière qui me permet de rester serein et positif, même dans l’adversité.

Pourquoi les gens branchent-ils leurs postes de 9h à midi pour écouter l’émission, un samedi matin ?

Je pense que cette fidélité vient de la constance et de la préparation spirituelle derrière chaque émission. Je me prépare toujours dans la prière, ce qui me permet de rester engagé et présent pour les auditeurs. Je me dis souvent que si, à cause d’une difficulté, je renonçais à l’émission, combien de personnes passeraient à côté d’une occasion d’accepter le Seigneur ? Combien n’auraient pas l’opportunité de trouver un nouvel espoir ? C’est cette responsabilité qui me pousse à être là, chaque samedi matin, pour apporter un message qui peut changer une vie.

Quelle est la source de votre charisme ?

Mon charisme vient de la consécration dans la prière et de la préparation, autant spirituelle que psychologique. Cette discipline me permet de rester constant, peu importe les circonstances. Je crois que les auditeurs ressentent cette authenticité et cette paix qui ne viennent pas de moi, mais de Dieu.

Pourquoi choisit-on Muscadin André ?

Je crois qu’on me choisit parce que les gens sentent que ce que je partage est vrai et vécu. Je ne me contente pas de mots : je vis ce que je dis. Je me souviens d’un lundi matin, à la fin du Carnaval, où j’ai eu un accident de voiture juste avant l’émission. Malgré tout, j’ai choisi de laisser la voiture au garage et de ne pas rater l’émission. Ce jour-là, un auditeur, ancien militaire américain, m’a appelé après avoir entendu mon histoire à l’antenne. Il m’a demandé ce que je voulais faire de la personne qui m’avait causé du tort. Je lui ai répondu que je laissais tout entre les mains de Dieu. Ce même auditeur m’a ensuite invité chez lui pour prier, et ce jour-là, il a accepté Jésus comme son Sauveur personnel.

C’est dans ce genre de moments que je réalise que, si je reste fidèle à ma mission et à ma préparation dans la prière, Dieu utilise mes émissions pour toucher et transformer des vies. Voilà pourquoi, je crois, les gens continuent de me choisir et de se brancher chaque semaine.

Si je comprends bien, cela arrive souvent, qu’à la fin de vos émissions, des personnes se convertissent à Jésus…

Oui, c’est exact. L’histoire des personnes qui acceptent le Seigneur à la fin de mes émissions, notamment dans « Exaltation », ne date pas d’hier. J’ai toujours eu ce désir de voir des vies transformées, mais il me manquait au départ l’espace et les outils pour le mettre en pratique.

Quand j’animais « La Voix de l’Evangile », j’ai tenté à plusieurs reprises d’inviter les auditeurs à la conversion. Ça s’est produit à maintes occasions, mais je sentais que je n’avais pas encore les bases théologiques nécessaires pour accompagner ces démarches. C’est d’ailleurs ce manque qui m’a poussé à étudier la théologie, pour mieux comprendre et mieux guider ceux qui voulaient s’engager avec Jésus.

À partir du moment où j’ai rejoint la Radio « Inspiration », j’ai commencé à appliquer ce que j’avais appris, toujours en restant à l’écoute de l’inspiration de Dieu. Aujourd’hui, c’est devenu naturel pour moi d’ouvrir la porte à la conversion à la fin de chaque émission, et de voir des personnes faire le choix de suivre Jésus.

Comment jugez-vous la musique évangélique aujourd’hui, en termes d’originalité, de profondeur spirituelle et de mission d’évangélisation ?

Je peux dire que la musique évangélique a vraiment évolué ces dernières années. Elle n’a pas régressé, bien au contraire. Autrefois, elle était plus classique, plus formaliste, mais aujourd’hui, on sent un véritable réveil qui était incontournable. Bien sûr, il y a parfois des dérapages, mais ce que nous vivons actuellement, je l’ai souhaité et encouragé dès le début de mon ministère. Quand je travaillais à « Energy », je prenais la responsabilité d’enregistrer des bandes audios « Live » dans les églises et de les diffuser à la radio. J’ai reçu beaucoup de critiques pour cela, mais j’ai tenu bon, et c’est ainsi qu’est né le phénomène d’adoration et de louange musicale « Live » que nous connaissons aujourd’hui.

C’est un autre type d’adoration : l’artiste amène l’église dans ta maison, et c’est merveilleux ! L’âme haïtienne a besoin de se réveiller ; l’art seul ne suffit plus, il faut aussi la Révélation. La musique « Live » a apporté beaucoup de changements dans l’art évangélique. Parfois, on critique les textes, mais ils sont souvent révélateurs : c’est ce qu’on appelle un « rhema ». Certains textes sont inspirés sur le moment, pas écrits à l’avance, et peuvent sembler hors contexte lorsqu’on les réécoute plus tard. Mais ce sont des moments authentiques.

Autrefois, la musique évangélique était très classique, je pense à des groupes comme Alabanza, Zetwal, G8, Adonaï. Aujourd’hui, on constate un vrai réveil et tout le monde veut s’y mettre. Mais ce n’est pas donné à tout le monde, et beaucoup en souffrent.

Quelle différence faites-vous entre un animateur chrétien et un animateur qui ne l’est pas ?

Pour moi, il y a une vraie différence. Les concepts d’« animateur choisi » ou « animateur appelé » sont liés à la spiritualité, alors que l’« animateur professionnel » fait référence à la rémunération. Si tu n’es pas appelé, tu ne peux pas prétendre être un animateur spirituel. Cela dit, tu peux servir Dieu même en étant professionnel, mais ta mission n’est alors pas vraiment l’évangélisation.

Est-ce que ce n’est pas cette mentalité d’« animateur professionnel » qui explique la tendance à réclamer des compensations ?

Oui, c’est en partie à cause de cette mentalité. Si tu travailles dans la grande presse, c’est normal d’être rémunéré. Mais si tu te dis « appelé » et que tu choisis de te spécialiser dans la musique évangélique, il faut comprendre qu’on évolue dans le champ de Dieu, dans le ministère, et qu’on a pour mission de servir. « Recevez gratuitement, donnez gratuitement. » Bien sûr, il faut trouver des stratégies pour vivre et s’organiser, mais il faut savoir faire la part des choses.

Un mot pour les musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien, demande-toi toujours : travailles-tu pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans recevoir de salaire, mais j’ai trouvé d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer ta journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Certes, le pasteur devrait te rémunérer, mais si ce n’est pas le cas, développe ta propre stratégie. Ne sois pas un salarié de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Aux auteurs-compositeurs:

Je conseille de faire preuve de sagesse. Même si tu es inspiré, fais toujours réviser tes textes par des personnes qualifiées et cherche un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que tu fais pour Lui doit être bien fait.

Quant aux chanteurs:

Il n’est pas nécessaire de rester toute la journée à l’église pour qu’on te voie. Si tu n’es pas rémunéré, fais ton devoir et trouve ailleurs de quoi vivre. La musique évangélique ne nourrit pas encore son homme, alors il faut créer d’autres activités rentables. Mais surtout, n’oublie jamais que même si la musique ne rapporte pas gros, tu dois rester un chrétien à part entière.

La vie est un combat, chaque jour. Parfois elle me renverse, mais je lui rends aussi quelques bons coups ! Reste fidèle, persévère et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec l’instrument qu’Il t’a confié.

Quels sont les projets de Muscadin André à court, moyen et long terme ?

À court terme:

J’ai toujours eu le rêve de mettre en place une radio qui me permettrait d’avoir la liberté de servir Dieu selon la vision qu’Il m’a donnée. Même à l’époque où j’étais dans « La Voix de l’Evangile », ce projet me tenait déjà à cœur. J’ai souvent constaté qu’un leader peut se laisser guider par un autre leader qui le dépasse, mais il est difficile pour un leader qui ne peut pas te dépasser de vraiment te conduire. C’est ce manque de latitude dans les stations où j’ai travaillé qui a motivé la création de « Inspiration FM ». Mais « Inspiration » n’est qu’un début.

À moyen terme:

Je travaille sur le « Ministère Shalom Haïti », dont la radio ne sera qu’une branche parmi d’autres. Par exemple, « Shalom Restaurant », qui propose un bon service à moindre coût, fait aussi partie de la vision de Shalom Ministère. Mon objectif est de transformer tout ce que je fais aujourd’hui en un véritable ministère, avec des ramifications qui répondent à différents besoins de la communauté.

Depuis quatre ou cinq ans, Dieu m’a aussi donné la révélation d’organiser des jeûnes de prière. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi cet appel m’était adressé, pensant manquer de maturité. Mais Dieu me répétait : « Muscadin ! Muscadin ! Je ferai de toi quelqu’un d’extraordinaire, faisant des choses extraordinaires. » Un jour, alors que j’étais aux États-Unis pour acheter du matériel pour la radio, un prédicateur, saisi par le Saint-Esprit, a prié pour moi et a prophétisé : « Cette année, je déclare que ta vie est une vie de merveille. Je déclare que tu seras un scandale de miracles en Haïti. » Je crois fermement que le Dieu qui pourvoit assure aussi la sécurité de tout ce qu’Il confie à notre gestion.

À long terme:

Le projet central, c’est Shalom. Certains n’ont jamais vu un tel phénomène, surtout lors de nos jeûnes de prière qui ont parfois rempli le Collège Adelphos au point qu’il a fallu organiser le quatrième jeûne au « Palais de l’Art ». Malgré les obstacles et les critiques de ceux qui estiment que je ne suis pas pasteur et donc pas habilité à organiser des événements d’une telle ampleur, je crois que la route que Dieu trace, personne ne peut l’obstruer.

Depuis plusieurs années, je parle aussi d’un grand Tabernacle pouvant accueillir 15 000 à 25 000 personnes.

Mais ce projet n’est qu’une conséquence de Shalom, car c’est par Shalom que ce rêve deviendra réalité. En résumé, mon ambition est de bâtir un ministère solide, multifacette, capable de toucher et transformer des vies à travers la radio, la prière, la restauration, et bien d’autres initiatives, pour la gloire de Dieu.

La Radio, Dieu l’a faite. Le Ministère, je l’ai demandé, Dieu me l’a donné.

Quels sont les concepts et structures que vous développez à l’intérieur du Ministère ?

Au sein du Ministère, en plus des jeûnes de prière, j’ai développé un concept qui me tient à cœur : SOS de Prières. Ce sera un réseau téléphonique où cinq à dix bénévoles seront toujours disponibles au bout du fil pour « bombarder » les gens de prière, selon leurs besoins. Je veux que ce réseau soit un véritable soutien spirituel, accessible à tous, à tout moment.

Quelles autres activités et projets comptez-vous intégrer au Ministère ?

L’information aura une place importante dans le Ministère, tout comme la production d’émissions. J’en prévois au moins une cinquantaine, et d’ailleurs, Jubau peut déjà se préparer à être invité ! Grâce à mon parcours dans la presse, plusieurs stations de radio me contactent aujourd’hui pour me dire : « Muscadin André, c’est toi que nous voulons. » Mais je ne cherche pas à être un one-man-show.

Quelle est votre vision pour l’avenir du Ministère et de l’animation évangélique ?

Mon objectif, c’est de faire école. Je veux former des animateurs qui iront partout, à Port-au-Prince comme en province, pour monter ces émissions et multiplier l’impact du Ministère à travers d’autres voix. C’est l’un de mes projets majeurs : transmettre, former, et voir le ministère grandir au-delà de ma propre personne.

Avez-vous d’autres projets sociaux ou éducatifs ?

Oui, j’ai aussi le projet de fonder un orphelinat. J’évolue déjà dans le domaine des bourses d’études : j’ai aidé une cinquantaine de jeunes à poursuivre leur formation. Dernièrement, l’un d’eux m’a offert de faire le plein de mon véhicule, en me rappelant que j’avais payé ses cours d’informatique à l’époque et qu’il me le devait maintenant qu’il travaille. Parfois, j’avais décidé de financer deux jeunes sans même m’en souvenir. J’ai appris qu’au service de Dieu, il faut savoir s’oublier, à la manière de Jésus.

Qu’est-ce qui vous motive à continuer et à vous investir autant ?

Je crois profondément à cette parole du Christ : si nous croyons en Ses paroles, nous ferons des choses plus grandes que Lui. Pour moi, servir, c’est se donner sans compter, former les autres, et semer dans la vie des jeunes pour qu’ils deviennent eux-mêmes des piliers de demain. Tout ce que je fais, je le fais dans cette optique : bâtir, transmettre, et laisser une empreinte durable pour la gloire de Dieu.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut commencer une émission évangélique ?

Avant tout, il faut prier et demander à Dieu si tu es vraiment appelé à ce ministère. Devenir animateur évangélique, c’est une vocation. Si je n’avais pas été appelé, jamais je n’aurais accepté une mission aussi lourde, surtout sans garantie financière. J’ai essayé plusieurs métiers, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais rien n’a vraiment marché en dehors de l’Évangile. Dès que je m’engage pour Dieu, les portes s’ouvrent. Ce n’est pas mon œuvre, c’est celle de Dieu. Donc, avant de te lancer, assure-toi que c’est Sa volonté et prépare-toi à servir comme un berger, un leader spirituel. Étudie la Bible, forme-toi, car tu seras responsable de guider beaucoup d’âmes.

Quel conseil donneriez-vous aux musiciens et chanteurs évangéliques ?

Si tu es musicien ou chanteur, demande-toi toujours : travailles-tu vraiment pour Dieu ? J’ai fait douze ans de ministère sans salaire, mais j’ai dû trouver d’autres moyens pour vivre. Tu peux passer toute la journée à l’église, mais il faut aussi penser à ta subsistance. Si le pasteur ne peut pas te rémunérer, développe ta propre stratégie pour subvenir à tes besoins. N’attends pas tout de l’église : deviens plutôt une bénédiction pour elle.

Il faut aussi apprendre à transformer les difficultés en occasions de grandir. J’aurais pu chuter derrière le micro, mais le Seigneur m’a appris à transformer les déceptions en joie. Même si tu reçois des critiques ou des incompréhensions, reste fidèle à ta mission et remercie Dieu pour le privilège de Le servir avec ton talent.

Quel conseil donneriez-vous aux auteurs-compositeurs ?

Je vous encourage à faire preuve de sagesse et à viser l’excellence dans tout ce que vous faites pour Dieu. Même si l’inspiration vient sur le moment, il est important de faire relire vos textes par des personnes compétentes et de choisir un bon arrangeur avant d’aller en studio. Dieu n’est pas un Dieu de médiocrité : tout ce que vous faites pour Lui doit être bien fait. Regardez la nature, le ciel, la terre : tout reflète Sa beauté et Sa grandeur.

Un mot pour les chanteurs professionnels ?

Rappelle-toi que la musique évangélique, aujourd’hui, ne suffit pas à nourrir son homme. Il faut développer d’autres activités pour subvenir à tes besoins. Mais ce n’est pas une raison pour négliger ta vie chrétienne. La vie n’est pas facile, elle te mettra parfois à l’épreuve, mais il faut rester debout et persévérer. Même si tu dois te battre au quotidien, reste fidèle à ta mission et à la foi que tu portes.

Le dernier mot, Muscadin André ?

Je profite de cette occasion pour te remercier sincèrement pour le travail que tu accomplis. Je sens qu’il y a un lien entre nous, d’abord à travers ta musique, mais aussi parce que nous sommes tous deux des appelés. Si ton engagement ne venait pas du cœur, tu n’aurais pas cette détermination à aller chercher des personnes à interviewer pour informer les internautes. Tu pourrais rester tranquillement assis comme artiste, attendre que les gens viennent à toi dans ton bureau, mais tu choisis d’aller vers eux.

Cela me rappelle mes débuts, quand je parcourais les petits groupes pour leur donner la parole et les encourager à s’exprimer. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux connaissent le succès. Je crois que Dieu va te bénir abondamment pour ce que tu fais, parce qu’Il n’est pas un abuseur. Comme on dit chez nous : « Bondye pa manje kouraj moun gratis. » Il y a des succès et des ressources que j’ai reçus sans même savoir d’où ils venaient, mais je sais qu’ils sont arrivés à moi au nom de Dieu.

Je remercie le Seigneur pour tout cela, et je Le remercie aussi pour le ministère de Jubau. J’encourage toute l’équipe à continuer à faire preuve de créativité pour faire connaître Dieu à travers Internet. Mais surtout, n’oubliez jamais que Dieu fait partie intégrante de ce travail. C’est Lui-même qui a mis la main à la pâte pour que Jubau devienne une grande œuvre selon Son cœur.

Interview:Jose Bautista

Redaction:Pascale MontFort

Jubau
Jubau
Jubau, pseudonyme de José Bautista, est l'animateur passionné de l'émission Vendredi RECAP. Auteur, compositeur et rédacteur pour BGospel.com, il a fondé Jubau GROUP en 2009, œuvrant pour la promotion de la musique évangélique.

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