AccueilUncategorizedEn vedetteEntrevue exclusive avec Shayel Jean Joseph, initiatrice de « Worship Room »

Entrevue exclusive avec Shayel Jean Joseph, initiatrice de « Worship Room »

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Dans l’univers foisonnant des événements évangéliques Haïtiens, rares sont ceux qui parviennent à marquer les esprits dès leur première édition. « Worship Room », qui s’est tenu le 20 avril 2025 au Karibe Convention Center à Port-au-Prince, est de ceux-là. Derrière ce concept novateur, une femme : Shayel Jean Joseph. Pour la première fois, elle se livre sans détour sur la genèse de l’événement, ses défis, ses émotions, ses apprentissages et ses ambitions pour l’avenir.

Premiers pas et genèse du projet « Worship Room »

Q : Shayel, pouvez-vous nous raconter la naissance de « Worship Room » ?

Rien ne me prédestinait à organiser un événement de cette envergure. J’ai longtemps été spectatrice dans le secteur évangélique, participant à des concerts, notamment celui de Wiliadel au Palais Municipal. Mais à chaque fois, je ressentais un manque : trop souvent, ces concerts ressemblaient à des shows, où la prière et l’adoration étaient reléguées au second plan. J’ai eu envie d’autre chose, de créer un espace où la louange ne serait pas un spectacle, mais une rencontre authentique avec Dieu.

C’est ainsi qu’est née l’idée de « Worship Room ». J’ai commencé seule, puis j’ai formé une équipe avec Japhé Mercier, Abraham Alexandre, Etzer Émile et Lophane Laurent. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice, ses idées, son énergie, ses contacts. Dès le départ, j’ai voulu poser des bases solides : une organisation rigoureuse, une sélection d’artistes engagés, et surtout, un horaire strict pour favoriser le recueillement.

La préparation : entre doutes et foi

Q : Quels ont été les plus grands défis dans la préparation de cette première édition ?

Le principal défi a été de concilier innovation et tradition. Je voulais rompre avec le modèle habituel des concerts évangéliques, mais il fallait aussi rassurer le public et les partenaires. J’ai insisté pour que les portes ferment à 16h précises, ce qui est rare ici. Dès 14h30, les premiers participants étaient déjà présents au Karibe, preuve que le message avait été entendu.

Mais le doute s’est invité à la fête. À trois jours de l’événement, à peine 30 billets avaient été vendus. L’idée de changer de salle, de réduire la voilure, m’a traversé l’esprit. Mais l’équipe a tenu bon, nous avons choisi de faire confiance à Dieu, de marcher par la foi. Et le dimanche matin, toutes les cartes étaient écoulées. Ce fut une leçon d’abandon et de confiance.

Le jour J : émotions et moments forts

Q : Racontez-nous le déroulement de la soirée. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Dès l’ouverture, l’atmosphère était électrique. J’ai voulu commencer par l’hymne national, un geste fort, rarement vu dans ce type d’événement. J’ai senti une vague d’émotion dans la salle, une communion instantanée. Ce moment m’a confirmé que nous étions sur la bonne voie.

Tout au long de la soirée, les artistes se sont succédé dans une harmonie rare. Ce n’était pas une addition de performances individuelles, mais une véritable unité spirituelle. Les témoignages, les prières, les chants, les danses… chaque séquence avait du sens. Le témoignage de Vania Richard a particulièrement touché l’assemblée, même si j’aurais aimé donner la parole à davantage de personnes.

Ce qui m’a le plus marquée, ce sont les regards, les larmes, les sourires. Voir des personnes en quête de guérison, certaines en fauteuil roulant, venir chercher un moment de paix et repartir avec de l’espoir, c’est le plus beau des cadeaux.

Réactions du public et retours marquants

Q : Comment le public a-t-il réagi ? Quels retours avez-vous reçus ?

L’accueil a été au-delà de nos espérances. Plus de 95% des retours sont extrêmement positifs. Beaucoup de participants ont exprimé leur gratitude pour l’ambiance de prière et d’adoration, pour la ponctualité, la qualité des artistes, l’organisation. Certains m’ont confié avoir vécu une transformation intérieure, d’autres sont venus me remercier pour avoir osé proposer quelque chose de différent.

Un témoignage m’a particulièrement émue : une femme m’a dit être venue fatiguée, découragée, et être repartie « remplie de paix et de force ». C’est pour ce genre de témoignage que j’ai voulu créer « Worship Room ».

Organisation, équipe et apprentissages

Q : Comment avez-vous constitué votre équipe et réparti les rôles ?

J’ai eu la chance de pouvoir compter sur des personnes de confiance. Japhé Mercier, Abraham Alexandre, Etzer Émile et Lophane Laurent ont chacun un profil complémentaire. Certains avaient déjà une expérience dans l’organisation d’événements, d’autres ont apporté une vision nouvelle. Les choix artistiques ont été faits en concertation : Wiliadel et Stanley étaient des évidences, mais j’ai personnellement tenu à inviter Romy et Barbara, et Lophane a suggéré Martin.

La préparation a duré près de trois mois. Nous avons travaillé avec trois graphistes différents pour trouver la bonne identité visuelle. Le plus difficile a été d’atteindre le niveau d’exigence que je m’étais fixé, à tous les niveaux : artistique, logistique, technique.

Q : Y a-t-il eu des imprévus le jour J ?

Le principal imprévu a été technique : les écrans n’ont pas donné le rendu espéré. Mais l’équipe a su s’adapter, et cela n’a pas entaché la réussite de la soirée. Certains sponsors, comme Sogexpress et Capital, ont confirmé leur soutien à la dernière minute, ce qui nous a permis de couvrir une partie des frais, qui se sont élevés à près de 19 000 dollars.

Impact et perspectives

Q : Quel impact souhaitez-vous que « Worship Room » ait sur la communauté ?

Mon ambition est que « Worship Room » devienne un rendez-vous annuel incontournable, chaque dimanche de Pâques, mais aussi, pourquoi pas, plusieurs fois par an. Je rêve aussi d’exporter le concept dans d’autres villes de province, pour toucher encore plus de vies.

Au-delà de l’événement en lui-même, je veux que « Worship Room » soit un catalyseur de changement dans la manière d’organiser et de vivre la louange en Haïti. J’aimerais que les artistes, les organisateurs, les fidèles, osent sortir des sentiers battus, privilégient la qualité, la sincérité, l’innovation.

Leçons personnelles et remerciements

Q : Qu’avez-vous appris de cette expérience, sur le plan personnel ?

J’ai appris à faire confiance, à déléguer, à écouter. J’ai aussi appris que l’organisation d’un événement de cette ampleur demande une grande résilience, de la patience et une capacité à gérer l’incertitude. Mais surtout, j’ai compris la force de la foi collective. Ce verset m’a accompagnée tout au long du parcours : « Non par la vue, mais par la foi ».

Je tiens à remercier tout spécialement Wiliadel Denervil, Barbara Cassamajor, Romy Laguerre, qui ont prié pour moi et soutenu le projet, mon équipe qui m’a fait confiance, et Byanca Mars pour son soutien extraordinaire, même en dehors de l’équipe officielle. Merci aussi à tous ceux qui ont fait le déplacement, parfois de loin, pour vivre cette expérience unique.

Regard vers l’avenir de « Worship Room »

Q : Quels sont vos projets pour la suite ?

Nous travaillons déjà à la prochaine édition de « Worship Room », qui aura lieu l’an prochain à la même période. Mais nous réfléchissons aussi à organiser une deuxième édition avant la fin de l’année, et à décliner le concept dans d’autres villes. Mon rêve serait d’avoir un « Worship Room » dans chaque grande ville de province.

Je souhaite également renforcer l’aspect social de l’événement : pourquoi ne pas associer à chaque édition une action concrète en faveur des plus démunis ? L’art, la foi et la solidarité peuvent faire des miracles ensemble.

Message aux absents et conclusion

Q : Un mot pour ceux qui n’ont pas pu venir cette fois-ci ?

Vous avez manqué un moment unique dans la présence de Dieu, une soirée où la prière, la louange et la fraternité étaient au rendez-vous. Mais ce n’est que le début : la porte vous sera grande ouverte la prochaine fois. Je vous invite à venir vivre, ressentir, partager cette expérience qui, je l’espère, marquera durablement la scène évangélique haïtienne.

Conclusion

À travers « Worship Room », Shayel Jean Joseph a prouvé qu’il est possible de réinventer les codes, de fédérer autour de valeurs fortes et de proposer une expérience spirituelle authentique. Son parcours, fait de doutes, de défis, mais surtout de foi et de détermination, est une source d’inspiration pour tous ceux qui rêvent de changer les choses, un pas à la fois. La prochaine édition est déjà attendue avec impatience.

José Bautista
José Bautista
José Bautista est le rédacteur en chef de BGospel Magazine, une plateforme dédiée à la promotion de l'Évangile de Jésus-Christ. Passionné par Dieu et son ministère, il a fondé le site en 2009 sous le nom de jubau.com, avant de le renommer BGospel.com en 2018 pour refléter sa mission centrée sur le message "Be the Gospel". Son travail vise à inspirer et unir la communauté chrétienne mondiale à travers des messages d'espoir, de foi et de spiritualité.

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