Le 29 mars 2025, le BFM Diplomat Center aux Bahamas a vibré au rythme de la 4ème édition de Caribbean Worshippers, un événement gospel majeur qui a rassemblé plus de 3 000 personnes à l’intérieur de la salle et autant à l’extérieur, incapables d’y accéder faute de place. Initié et porté par Neslin Destilhomme, ce projet, né d’un simple groupe d’hommes chantant a cappella, est aujourd’hui devenu une institution incontournable de la scène gospel caribéenne. Porté par une vision d’unité, d’adoration et d’impact social, Caribbean Worshippers se distingue par sa gratuité, son ouverture à toutes les communautés de la région, et son engagement profond envers la foi et le service.
Cette édition a été marquée par la participation d’artistes et de personnalités de renom, tels que le Pasteur Samuel Robuste, Loutchina Decius, Rosena J. Orys, Joy Clerf Derisier, Frè Luckson et les enfants de la fondation Zon Pa Fè Moun, Shaback, Rachelle Demosthene, Oslien Jadorte et Samuel Dumervil. Plus qu’un simple concert, l’événement a été un véritable rassemblement spirituel et communautaire, ponctué de moments forts, de témoignages marquants et d’initiatives solidaires.
Dans cette entrevue exclusive, Neslin Destilhomme revient sur la genèse du projet, les défis organisationnels, les moments inoubliables de cette édition, l’impact sur la communauté, et les perspectives d’avenir de Caribbean Worshippers. Un témoignage inspirant pour tous ceux qui croient en la force de la foi, de la solidarité et de l’engagement.
Entrevue avec Neslin Destilhomme, organisateur de la 4ème édition de Caribbean Worshippers
Réalisée par Jubau pour Bgospel Magazine
Jubau : frère Destilhomme, merci de nous accorder cet entretien. Pourriez-vous commencer par vous présenter et nous expliquer comment est né le projet Caribbean Worshippers ?
Neslin Destilhomme : Merci à vous. Je suis Neslin Destilhomme, originaire d’Haïti, installé aux Bahamas, marié à Eurika Destilhomme et membre actif de l’église évangélique de Bérée. Mon ministère est centré sur l’adoration. Caribbean Worshippers est né il y a quelques années d’une vision simple : rassembler les voix et les talents de la Caraïbe pour adorer Dieu ensemble. Au début, il s’agissait d’un programme réunissant des groupes d’hommes chantant a cappella, issus de différentes églises. Progressivement, nous avons intégré des instruments, puis élargi le format pour accueillir des artistes de renom. L’objectif n’a jamais changé : offrir un espace d’adoration accessible à tous, sans barrière financière, et représenter toute la diversité caribéenne.
Jubau : Pourquoi avoir choisi le nom “Caribbean Worshippers” et quelle est la vision à long terme de ce projet ?
Neslin Destilhomme : Le nom s’est imposé naturellement. Nous voulions que chaque édition soit le reflet de la Caraïbe dans toute sa diversité, qu’aucune communauté ne soit exclue. La vision à long terme est de faire de Caribbean Worshippers une institution capable de fédérer les croyants de la région autour de l’adoration, mais aussi de l’action sociale. Nous avons constitué une équipe solide, composée de bénévoles passionnés, pour porter cette mission. Aujourd’hui, Caribbean Worshippers est bien plus qu’un événement : c’est une association qui œuvre pour l’unité, le partage et le soutien aux plus vulnérables.
Jubau : Cette 4ème édition a été particulièrement marquante. Pouvez-vous nous en dresser le bilan ?
Neslin Destilhomme : Cette édition a dépassé toutes nos attentes. Nous avons accueilli plus de 3 000 personnes à l’intérieur du BFM Diplomat Center, et malheureusement, autant sont restées dehors, faute de place. La présence de personnalités telles que des consuls, des pasteurs et des ambassadeurs a donné une dimension particulière à l’événement. Nous avons investi plus de 40 000 dollars pour l’organisation, mais grâce à la générosité de la communauté, notamment des commerçants haïtiens et du restaurant Paradis des amis qui a offert un buffet à plus de 2 500 personnes, tout est resté gratuit. Je tiens à souligner que toutes les personnes impliquées l’ont fait bénévolement, sans rien attendre en retour. C’est un témoignage fort de solidarité et de foi.
Jubau : Quels ont été, selon vous, les moments les plus marquants de la soirée ?
Neslin Destilhomme : Plusieurs moments resteront gravés dans ma mémoire. D’abord, l’affluence exceptionnelle : la salle était pleine à craquer, et la police a dû intervenir pour gérer la foule à l’extérieur. Malgré l’absence d’écrans pour ceux qui n’ont pas pu entrer, beaucoup sont restés jusqu’à la fin, simplement pour être proches de l’événement. Ensuite, le message adressé aux dirigeants haïtiens, en présence de l’ambassadeur, sur la nécessité de permettre aux Haïtiens de retourner dans leur pays, a été très fort. L’accueil réservé à Frè Luckson et aux enfants de la fondation Zon Pa Fè Moun a également été un moment d’une grande émotion. Enfin, le fait que 30 personnes aient accepté Jésus ce soir-là est, pour moi, le plus grand accomplissement.
Jubau : Après l’événement, la tournée a continué avec Frè Luckson et les enfants de la fondation. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Neslin Destilhomme : Effectivement, après le concert, Frè Luckson et les enfants sont restés 15 jours supplémentaires aux Bahamas pour collecter des fonds pour leur fondation. La communauté locale a été extrêmement généreuse et solidaire, prenant soin d’eux tout au long de leur séjour. Nous avons pu récolter des fonds importants pour soutenir leur action. Cette expérience a renforcé notre conviction que Caribbean Worshippers doit aussi être un vecteur d’action sociale, pas seulement un événement spirituel.
Jubau : Quelles ont été les réactions du public et des participants ?
Neslin Destilhomme : Les réactions ont été unanimement positives. Des personnes sont venues de Toronto, Montréal, des États-Unis… Beaucoup nous ont confié avoir été profondément touchés, non seulement par la qualité des prestations artistiques, mais aussi par l’atmosphère de fraternité et de recueillement. Les témoignages reçus après l’événement nous encouragent à poursuivre dans cette voie.
Jubau : Sur le plan organisationnel, qu’est-ce qui a le mieux fonctionné selon vous ?
Neslin Destilhomme : Plusieurs facteurs ont été déterminants. D’abord, le fait de placer Dieu au centre de tout ce que nous faisons. Ensuite, la force de l’équipe : des bénévoles engagés, compétents et dévoués. L’association fonctionne uniquement sur la base du bénévolat, ce qui crée une véritable cohésion et un engagement profond. Enfin, notre vision ne se limite pas à organiser des concerts, mais à porter un ministère d’adoration et de service.
Jubau : Avez-vous rencontré des difficultés ou des imprévus lors de cette édition ?
Neslin Destilhomme : Le principal défi a été la gestion de la foule. Nous ne nous attendions pas à une telle affluence et avons dû faire appel à la police pour garantir la sécurité. Il y a également eu une coupure du direct à un moment, mais l’équipe technique a su réagir rapidement. Je tiens à remercier les médias présents, notamment Konektem, Belleimage et Koze Kretyen, pour leur professionnalisme et leur soutien.
Jubau : Qu’avez-vous appris de cette expérience, tant sur le plan personnel que collectif ?
Neslin Destilhomme : Cette expérience m’a appris l’importance de garder les yeux fixés sur Dieu, quelles que soient les circonstances. Sur le plan collectif, elle a renforcé notre conviction que la foi, la solidarité et l’engagement peuvent déplacer des montagnes. Je suis également très reconnaissant envers la communauté haïtienne, qui a financé en grande partie les déplacements des artistes et des médias.
Jubau : Caribbean Worshippers est désormais une association. Pouvez-vous nous en dire plus sur son organisation et ses projets à venir ?
Neslin Destilhomme : L’association est composée d’un comité solide : Granise Jean Lor, Dianne, Chantel O’Brian, Loretta Clerizer, Renaud Jean et Wesley Pierre, aux côtés de moi-même. Nous travaillons déjà sur de futurs projets, notamment une tournée en juin avec Frè Luckson et un événement majeur en décembre 2025 en Haïti, qui combinera actions sociales (clinique mobile, dons) et moments d’adoration. Nous voulons que Caribbean Worshippers continue d’être un pont entre les communautés, un lieu de rencontre, de partage et de transformation.
Jubau : Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes, aux professionnels et à tous ceux qui souhaitent s’impliquer dans de telles initiatives ?
Neslin Destilhomme : Je leur dirais de ne jamais sous-estimer la puissance de la foi et de l’engagement. Il est possible de réaliser de grandes choses, même avec peu de moyens, si l’on est animé par une vision claire et un désir sincère de servir. Je les encourage à s’impliquer, à donner de leur temps et de leurs talents, car chaque geste compte. Caribbean Worshippers est ouvert à tous ceux qui veulent contribuer à cette mission, quels que soient leur âge ou leur parcours.
Jubau : frère Destilhomme, merci pour votre témoignage et votre engagement. Nous vous souhaitons beaucoup de succès pour la suite.
Neslin Destilhomme : Merci à vous. Que Dieu bénisse tous ceux qui soutiennent cette œuvre et que la Caraïbe continue de s’unir dans l’adoration et le service.
