L’évangélisation transforme les prisons argentines : une dynamique inédite de réinsertion et de pacification
Depuis le début des années 2010, les établissements pénitentiaires argentins, notamment à Rosario, Buenos Aires et Villa Urquiza, connaissent une mutation profonde grâce à l’essor des communautés évangéliques parmi les détenus. Ce mouvement, appuyé par des réseaux d’Églises comme Redil de Cristo, Puerta del Cielo, Bethel de Santa Lucía et Maison de Dieu, s’est accéléré depuis 2017 : en août 2025, une nouvelle église a par exemple été inaugurée dans la prison de Villa Urquiza, fruit du projet prônant la spiritualité comme soutien fondamental à la réinsertion sociale.
Les autorités pénitentiaires, confrontées à la violence et à la surpopulation, ont progressivement ouvert leurs portes à des collaborations structurées avec les pasteurs et aumôniers évangéliques. Concrètement, ces partenariats ont permis la création de « pavillons évangéliques », espaces où la discipline repose sur la prière, la formation biblique, l’abandon des addictions et une conduite irréprochable. Les détenus convertis, tels que Jorge Anguilante – condamné à 12 ans pour homicide en 2014 – deviennent parfois pasteurs dans l’établissement, animent des cultes réguliers, et servent d’exemple à leurs pairs.
L’effet de ces initiatives est tangible : plus de 40% des prisonniers de la province de Santa Fe vivent aujourd’hui dans ces unités évangéliques. Les rapports officiels constatent une baisse significative des violences, une meilleure cohabitation et des perspectives inédites de réinsertion. En dehors des cultes, les Églises partenaires organisent des projets éducatifs, professionnels et familiaux ; elles accompagnent aussi les ex-détenus dans leur retour à la société.
L’expansion de ce modèle, reconnu par l’Alliance Chrétienne des Églises Évangéliques d’Argentine (ACIERA), repose sur une coopération étroite entre l’administration pénitentiaire et les associations religieuses. L’objectif affiché : transformer le regard social sur le monde carcéral et faire de la prison un espace de restauration, plutôt que de simple sanction.
Même si le défi des conditions de détention reste d’actualité – surpopulation, insalubrité –, l’exemple argentin attire désormais l’attention internationale. Il met en lumière le potentiel du facteur religieux comme acteur de pacification, de soutien psychologique et de construction de nouveaux parcours de vie pour des milliers de détenus.
